«Les surveillants de prison sont en grande souffrance»
Les agents des maisons d’arrêt de Nice et Grasse ont répondu à l’appel de FO, hier matin. Un mouvement national pour dénoncer les conditions de travail et l’augmentation des agressions
Le syndicat Force ouvrière de la pénitentiaire avait prévu de manifester, hier matin, devant le palais de justice. Un mot d’ordre national auquel les personnels des maisons d’arrêt de Grasse et de Nice voulaient s’associer pour dénoncer des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader, selon eux, la violence au sein des prisons, la « grande souffrance » des surveillants, les « agressions et les insultes » au quotidien. Un environnement «à la limite du supportable ».
Grasse : « transformé en bête sauvage »
Mais le personnel niçois et grassois n’avait pas prévu qu’il aurait aussi à déplorer une nouvelle agression de l’un des leurs. Lundi, vers 16 heures, un gardien de Grasse a fait les frais de la violence d’un détenu. « Il avait volontairement incendié sa cellule la veille et certaines de ses affaires Séquence effroi hier en fin matinée au rectorat de Nice, situé avenue Cap-deCroix, où une mère de famille a tenté de s’immoler. Ce drame a été évité grâce à la présence d’esprit d’un membre du personnel. C’est un peu avant midi qu’une mère d’élève a fait irruption dans le hall du rectorat munie d’un jerrycan. Sous les yeux pétrifiés des hôtesses d’accueil, elle a déversé le bidon d’essence pour s’en arroser copieusement des pieds à la tête, puis a sorti un briquet. La chance a voulu qu’au même instant, entre dans le hall, un personnel du rectorat. Trouvant les mots justes, il a su apaiser cette mère de famille, la ramener à la raison avant qu’elle ne lui avaient été retirées pour sa propre sécurité à cause de son profil suicidaire, entame Hervé Ségaud, représentant local de FO à Grasse. Un protocole d’ouverture de sa cellule à deux agents a été mis en place vu sa dangerosité connue et avérée. » Mais le détenu aurait sollicité le surveillant pour lui réclamer, une énième fois, ses affaires, avant de se « transformer en bête sauvage, raconte encore le syndicaliste. Il a tenté d’asséner un coup de point au visage du surveillant qui est parvenu à l’esquiver. Le second est alors intervenu pour tenter de maîtriser le forcené qui ne s’est pas privé de se débattre violemment. Il a pris un stylo et l’a planté dans le bras du gardien. » Conduit aux urgences, celui-ci a reçu deux points de suture. Et Hervé Ségaud de commenter: « Sans le sang-froid du personnel, cette agression aurait pu être encore plus grave. » commette l’irréparable, pour, ensuite, lui retirer des mains le briquet.
Son fils refusé en classe de
À l’origine de cet acte insensé, le refus signifié à son fils, scolarisé en classe de 3e, d’entrer, en septembre prochain, en classe de 2de d’un lycée général. Un refus décidé, en conseil de classe, par les enseignants de son collège d’origine, en raison du faible niveau scolaire de cet élève et qui a été confirmé, dernièrement, en commission d’appel. C’est ce double refus que cette mère, visiblement fragile, n’a pas accepté. Hier matin, elle s’est donc rendue, avec son époux, au Une délégation reçue par le cabinet du préfet
Hier matin, sur les marches du palais de justice, les personnels voulaient faire entendre leur colère. Ils ont demandé à être reçus par le président du tribunal de grande instance, le procureur de la République et le préfet des Alpes-Maritimes, pour leur exposer rectorat pour tenter ce geste fou. Grâce à la réactivité du personnel du rectorat, la police et les sapeurs-pompiers sont intervenus rapidement pour prendre en charge cette mère de famille. Après une douche prise dans les locaux du rectorat pour enlever toute trace de carburant de ses vêtements, elle a été placée en garde à vue avec son mari, à la demande du Parquet. De son côté, le rectorat n’a pas déposé plainte. Une cellule d’aide psychologique a été mise en place, hier, pour prendre en charge le personnel d’accueil choqué par cette tentative d’immolation. leurs doléances. Pauline Roussel, chef de bureau du cabinet du préfet Georges-François Leclerc, a finalement reçu une délégation dans la matinée. « Nous avons pu lui exposer nos problématiques locales et nos revendications nationales », ont fait valoir les représentants syndicaux de Grasse et Nice, alors que le personnel continuait de manifester sur la place du palais. « Dans nos établissements en ce moment, c’est comme au loto : à qui le tour ?, lâche Blandine Galichet, représentante FO à Nice. Ça peut frapper n’importe où, n’importe quand. » Notamment à Nice, où la surpopulation carcérale atteint généralement des sommets pouvant aller jusqu’à 200 % ! « Ça s’est un peu amélioré, nous avons eu des transferts. Nous en sommes à 183 % de taux de surpopulation et ça a baissé aussi au quartier femmes. On était monté à 70 détenues, en ce moment elles sont 56. » Mieux, mais à peine, « d’autant qu’on peut avoir très vite beaucoup d’arrivées», déplore la déléguée syndicale niçoise. Qui s’interroge : « Et puis on a toujours aucune véritable précision quant à la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire. »