«Comprendre l’histoire de la Terre »
Si des scientifiques allemands et hollandais ont participé à la réalisation de cet instrument, Matisse a été inventé, conçu et assemblé à l’Observatoire de Nice - Côte d’Azur, par l’équipe de Bruno Lopez.
Comment marche cet instrument d’optique ?
Il sera couplé aux quatre télescopes géants, de m de diamètre chacun, qui observent les astres et étoiles les moins lumineux, c’est-à-dire les plus éloignés de notre système solaire. Le rôle de Matisse est de récupérer la lumière de ces quatre télescopes géants. En gros, le fonctionnement est comparable à celui de nos yeux. Le télescope étant la pupille qui capte la lumière, Matisse, la rétine, qui imprime cette lumière pour la transmettre à des fins de mesure.
Une avancée technologique?
C’est l’aboutissement de dix années de recherches pour une équipe en physique instrumentale. Pour combiner la lumière captée par les télescopes, la véhiculer par des miroirs jusqu’à un laboratoire focal et une table optique qui la transforment en interférences. Ces ondes sont, alors, converties en données numériques puis restituées sous forme d’images à la résolution jamais atteinte. Car Matisse permet cela : voir plus loin et plus près à la fois.
Quel est l’objectif ?
Scruter au-delà de notre système solaire les étoiles jeunes, ces nébuleuses de gaz et de poussières, appelées aussi disque protoplanétaires. C’est là, dans le coeur de ces disques, que se forment les planètes rocheuses, dont fait partie la Terre.
L’intérêt de cette observation ?
Savoir comment la Terre s’est formée et par là même comprendre notre histoire. Jusque-là, faute d’instrument surpuissant, nous n’avions que des théories bâties au XVIIe siècle par des philosophes scientifiques comme Kant, Laplace... Pour la première fois, ces théories pourront être confortées scientifiquement par l’observation. Grâce à Matisse, on en saura plus, aussi, sur les conditions initiales de l’arrivée de l’eau sur la Terre.
Comment vous y êtes vous pris pour tester Matisse sans télescopes géants sous la main ?
La difficulté était de recréer, en laboratoire, les conditions d’observation en concevant une étoile artificielle. Pour cela, l’équipe des scientifiques a utilisé une brique de céramique qui, chauffée à °C, émet les mêmes infrarouges que ceux d’une authentique étoile jeune, celle située à des centaines d’années-lumière. Et les tests menés sont tous concluants !