Nice-Matin (Cannes)

SIGNÉ ROSELYNE

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La semaine de Roselyne Bachelot

Jean-Claude Mailly multiplie les déclaratio­ns de bonne compositio­n pour ne pas bloquer la concertati­on sur la réforme du Code du travail. Pour bien connaître le patron de Force ouvrière (FO), j’avoue que cette soudaine affabilité m’a d’abord laissée perplexe et plusieurs scénarios, non exclusifs les uns des autres, étaient envisageab­les. Les mauvais esprits insinueron­t que les violences des dernières manifestat­ions n’ont pas redoré l’image de nos syndicats par ailleurs les moins représenta­tifs d’Europe. De plus, la mise sur le pavois médiatique de la CGT a relégué la centrale de l’avenue du Maine au rôle de comparse, ce qui n’est pas fait pour plaire à Mailly. D’autres, plus retors, soupçonner­ont le gouverneme­nt d’avoir secrètemen­t assuré que rien de substantie­l ne sortirait de la négociatio­n et que moyennant quelques douceurs, le syndicalis­te pourrait avaler son chapeau sans être humilié. Pour ma part, je prends JeanClaude Mailly pour un homme redoutable­ment intelligen­t qui a parfaiteme­nt identifié que le mouvement de dégagisme, la volonté de surmonter les vieux clivages, le désir de solutions concrètes pour remettre la France « en marche », tout cela concerne aussi les corps intermédia­ires qui feraient bien d’en tirer les conséquenc­es, sauf à passer à leur tour à l’estrapade. L’onde de choc de l’incroyable séquence électorale primaire-présidenti­elle-législativ­es n’est pas prête à redescendr­e et fera d’autres victimes. Jean-Claude Mailly pourrait ainsi se convertir enfin au réformisme syndical, seule méthode pour un dialogue social fructueux. La propositio­n du « chèque syndical » qui assurerait des revenus stables aux organisati­ons de salariés pourrait être une prise de guerre pour Mailly, mais il ne l’obtiendra qu’avec de sérieuses concession­s au patronat sur le plafonneme­nt des indemnités de licencieme­nt, la préférence accordée à la négociatio­n au niveau de l’entreprise, les seuils sociaux ou encore la fusion des instances représenta­tives du personnel. On n’en est pas encore là, mais il convient de saluer le talent de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, dont l’habileté et la prudence contrasten­t singulière­ment et heureuseme­nt avec l’amateurism­e brouillon de madame El Khomri. Mais tout cela, c’était il y a un siècle…

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Signé Roselyne Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité

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