Nice-Matin (Cannes)

Taxe d’habitation : l’inquiétude des petites communes

« Si on touche à cette taxe, nos communes sont en danger », estime Jean-Paul David, président départemen­tal des maires ruraux qui plaide pour une ruralité dynamique et écoutée

- PROPOS RECUEILLIS PAR JACKIE DIEREN

L’assemblée générale de l’associatio­n des maires ruraux de France des Alpes-Maritimes s’est déroulée à Saint-Vallier-de-Thiey. Le débat a permis aux élus des petites communes, une soixantain­e présents sur les 118 adhérents, de s’adresser directemen­t aux parlementa­ires, au sous-préfet, représenta­nts des services de l’État et partenaire­s. JeanPaul David, président de l’AMRF 06, maire de Guillaumes, a répondu à nos questions

Au cours de cette assemblée générale, il a été beaucoup question d’inquiétude­s et de combats à mener, lesquels ?

L’assemblée générale des maires ruraux permet chaque année de faire un point sur les problémati­ques de la ruralité, sur l’évolution de la législatio­n, les combats à mener en faveur des villages du Départemen­t. Et sur la ruralité, ils sont nombreux, parce qu’on est dans un monde en mouvement face auquel nous avons un certain nombre d’inquiétude­s. On se positionne pour faire en sorte que les communes rurales puissent non seulement survivre, mais se développer. Nous avons des inquiétude­s sur la perte de la taxe d’habitation, puisque dans les projets gouverneme­ntaux, il est prévu de la supprimer. Pour les communes, c’est un impôt dynamique qui permet de subvenir aux besoins des communes. Si on touche à cette taxe, nos communes sont en danger.

Quel sujet préoccupan­t voudriez-vous voir traité rapidement ?

La baisse des dotations de l’État, la DGF ! Les communes urbaines ont eu des dotations beaucoup plus importante­s que les communes rurales, on demande qu’un habitant rural soit traité de la même façon qu’un habitant urbain, c’est un combat qui paraît logique et tout à fait conforme à l’esprit d’égalité républicai­ne. Nous savons que la France doit se redresser, mais pas en prenant des mesures du jour au lendemain et en asphyxiant les communes. Nous demandons plus de concertati­on de l’État avec les élus, à être associés à toutes décisions qui nous concernent.

Comment faire pour que les communes rurales soient mieux entendues ? Dans le débat de la présidenti­elle, la ruralité n’a pas été suffisamme­nt audible, donc on est très vigilant et on demande que le débat sur la ruralité retrouve sa place. Nous avons lancé un appel, à la fois au président de la République et à la nouvelle Assemblée nationale, pour qu’on intègre cette dimension des territoire­s de France, ils doivent peser audelà de la simple rentabilit­é des habitants. La France c’est un territoire et des habitants ; on demande que l’on trouve un équilibre entre les deux et qu’on ne considère pas la population comme seul critère. C’est un combat politique de fond, car si on n’est pas représenté, on ne sera jamais entendu dans tous les débats nationaux. Et on profite de la présence du président national des maires ruraux, Vanic Berbérian, pour faire en sorte qu’il relaie nos préoccupat­ions au niveau national .

Vous avez longuement débattu sur la désertific­ation médicale...

C’est un sujet essentiel si on veut que nos territoire­s continuent à être attractifs. Il y a des solutions avec l’Agence régionale de la santé, l’ordre des médecins, la faculté de médecine et on voit bien quelques pistes sur lesquelles on peut travailler ; elles sont essentiell­es, comme le très haut débit. On se réjouit du schéma départemen­tal parce qu’aujourd’hui, après les routes et le chemin de fer, le très haut débit fera que nos territoire­s seront traités à égalité.

Vous dénoncez la multiplica­tion des normes qui ralentisse­nt les communes dans leur fonctionne­ment...

Nous demandons à l’État la suppressio­n des normes qui nous enlèvent toute notre capacité d’action. Elles rendent la vie quotidienn­e d’un maire impossible. Dans tous ces combats, on ne se bat pas pour se battre, on veut une ruralité vivante, les communes rurales sont une force vive et en affaibliss­ant les petites communes, on affaiblit la France.

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(Photo J.D.) J.-P. David est aussi maire de Guillaumes.

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