Nice-Matin (Cannes)

Cagnes : le maire retire ses délégation­s à deux adjoints

« Atteinte à l’honneur de Laurence Trastour » et « abandon du navire en difficulté ». Tels sont les deux principaux motifs invoqués par Louis Nègre pour son retrait de délégation­s à la 1re et au 6e adjoints

- LAURENT QUILICI lquilici@nicematin.fr

On n’abandonne pas un navire, surtout quand il prend l’eau. Que ma première adjointe et le 6e adjoint disent que Laurence Trastour [élue député LRUDI dans la 6e circonscri­ption, ndlr] ne correspond pas à l’image qu’ils se font d’un(e) député(e) me heurte profondéme­nt. » Fait inhabituel, il y avait une cinquantai­ne de personnes dans le public vendredi soir pour assister au conseil municipal où le maire a expliqué pourquoi il a retiré à la première adjointe Josy Piret et à Dominique Schmitt leurs délégation­s d’adjoint. En l’absence des intéressés qui avaient préféré démissionn­er purement et simplement de l’assemblée communale [nos éditions de Cagnes et Nice de jeudi]. Louis Nègre n’aura donc pas eu besoin de faire voter les deux dernières délibérati­ons qui figuraient à la fin d’un copieux ordre du jour. Ni les élus de voter pour ou contre les deux élus en disgrâce. Même plus besoin de savoir si le vote devait avoir lieu à main levée ou à bulletin secret !

Séance inhabituel­le, public inhabituel

Dans Nice-Matin de jeudi, le maire s’était contenté d’une brève confirmati­on du retrait des délégation­s et de la démission du « tandem », en indiquant qu’il préférait attendre le conseil municipal pour s’expliquer « en priorité » auprès des élus. « Vu le nombreux public, ce conseil municipal me rappelle 1995 » (1), a dit le maire en ouvrant la séance. Vu l’exiguïté de la salle du conseil, une partie du public a dû y assister sur les marches. C’est finalement en début de conseil que Louis Nègre a choisi d’aborder le sujet que tout le monde attendait. Mais après une minute de silence à la mémoire de Simone Veil, du policier tué sur les Champs-Elysées et des victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais. Après un hommage appuyé à la nouvelle députée Laurence Trastour. Et après avoir intronisé les nouveaux élus venus combler les sièges laissés vacants par la démission de Josy Piret et de Dominique Schmitt (2).

‘‘Pas autoprocla­mée’’

« Tout d’abord, Laurence Trastour ne s’est pas autoprocla­mée candidate. Elle a été adoubée par les plus grands responsabl­es politiques du départemen­t : Christian Estrosi, Eric Ciotti et Lionnel Luca, trois hautes personnali­tés non cagnoises. Deux collègues de sa propre équipe considèren­t que ça ne leur convient pas, c’est quoi, ça ? C’est aller à l’encontre du parcours et de l’honneur de Laurence Trastour, qui est élue municipale à Cagnes depuis 19 ans, qui a été adjointe, conseillèr­e métropolit­aine, conseillèr­e régionale, déléguée LR de la circonscri­ption...» « Deuxième raison : c’est porter atteinte à la cohésion de l’équipe municipale. Une équipe, on est dedans ou dehors. Par définition, il faut être solidaires. Ça m’a vraiment profondéme­nt choqué. D’autant plus que j’avais informé tout le monde qu’il fallait être soudés parce que nous entrions dans une période difficile, et encore, c’était avant Macron. Je suis capitaine d’un navire, tout le monde doit être sur le pont. C’est dans la tempête qu’on voit ceux qui sont prêts à tout faire pour sauver le bateau. Et le bateau, il était sur le gîte, et même condamné par certains au soir du 1er tour ». « Et puis si on n’était pas pour Laurence Trastour, on était pour qui ? C’était soit elle, soit Audin Nathalie [candidate La République en marche ! ndlr], que je n’ai jamais vue à Cagnes, et qui est incapable de défendre un dossier de la 6e circonscri­ption. J’avais informé deux fois auparavant, et Josy même trois fois. Ma main ne tremble pas. Six mois ou 22 ans, c’est la même chose quand il s’agit de Cagnes. Je n’ai pas d’états d’âme et si c’était à refaire, je le referais ». Josy Piret et Dominique Schmitt estiment, eux, que la question de la candidatur­e de Laurence Trastour aux législativ­es est un « motif étranger à la bonne marche de l’administra­tion communale », et donc à leurs yeux illégal selon les termes du Conseil d’Etat. Un débat qui n’aura de toute façon pas lieu compte tenu de leur démission.

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