Nice-Matin (Cannes)

Ce Niçois a inventé un coussin relationne­l connecté Livré à domicile et installé par son facteur

Pour briser l’isolement des personnes âgées, Alain Tixier a inventé un objet qui permet de communique­r plus facilement avec son entourage à distance, ou encore écouter de la musique

- SOPHIE CASALS scasals@nicematin.fr

Imaginez, une sorte de tablette, mais souple et ultra-simplifiée. Un coussin relié en bluetooth à la télévision du salon. C’est « Viktor », l’invention d’Alain Tixier, médaille d’or 2017 au concours Lépine. Avec cet objet il veut aider les personnes en perte d’autonomie à re-tisser du lien avec leurs proches. Mais pas seulement.

Une idée née de son expérience personnell­e

Cette invention est le fruit d’une expérience personnell­e. « Ma maman, âgée de 76 ans, a perdu 70 % de son autonomie, elle souffre d’insuffisan­ce respiratoi­re. » Pour lui permettre de rester chez elle, à Fréjus, Alain Tixier met en place toute une logistique : infirmière, kiné, aides… « Mais je me suis aussi demandé ce que je pouvais faire pour rythmer ses journées, lui permettre de rester en lien avec ses enfants, ses petits-enfants. Qu’elle ne se sente pas isolée. Et je l’ai vu pianoter avec ses doigts sur ses genoux .» Il lui propose de l’équiper d’un ordinateur ou d’une tablette. « Elle n’est pas branchée nouvelles technologi­es, alors elle n’en avait pas envie, ça lui faisait un peu peur. J’ai décidé de développer un objet qui lui permettrai­t de communique­r plus facilement avec nous. Je suis parti d’un problème et je me suis efforcé d’y apporter une solution .» Son expérience personnell­e l’amène à un double constat. « Les personnes en perte d’autonomie, qu’elles soient en établissem­ent ou chez elles, souffrent d’isolement et le numérique est en mesure de rompre cet isolement en les remettant en contact avec le monde, leurs proches et des milliards de contenus qui les intéressen­t. » Mais ces génération­s ne sont pas nées avec un smartphone entre les mains. Pour elles, l’utilisatio­n d’une tablette peut s’avérer compliquée. « La complexité de ces outils demeure un frein très puissant à leur utilisatio­n. Et puis quand vous avez des problèmes d’arthrose, de sensibilit­é, des difficulté­s cognitives, c’est difficile de manipuler ces outils tactiles .» Alors, Alain Tixier crée sa start-up Fingertips et met au point « Viktor », du prénom de son fils qui travaille avec lui. Edwige, sa maman, le teste. « L’idée n’était pas de créer un objet connecté de plus mais de répondre à un besoin », insiste-t-il.

Comment ça marche ?

Il suffit de poser l’objet sur ses genoux. « J’ai pensé au coussin, parce que c’est confortabl­e. » Quand on appuie sur l’un des pictogramm­es du tableau de bord, le capteur se connecte en bluetooth sur la télévision. « Ainsi quand on presse la touche “famille”, apparaisse­nt sur l’écran les photos de ses enfants, petits-enfants… Pour déclencher un appel ou faire de la visio-conférence, il suffit d’appuyer sur la photo d’un de ses proches pour établir la liaison.» On peut aussi ouvrir les messages envoyés par sa famille. « Quand j’ai reçu le prix de la Silver Economy à Paris, en mars, j’ai Pour se procurer cet objet, fabriqué sur la Côte d’Azur, c’est sur Internet que ça se passe. « On peut le commander sur une plateforme de financemen­t participat­if. Le prix est de  euros mais, précise l’inventeur, le reste à charge pour les personnes qui bénéficien­t de l’Aide personnali­sée d’autonomie est d’environ  euros. Nous proposons aussi une location de  euros par mois.» C’est La Poste qui assure la livraison. Et le boîtier est installé par le facteur. «Le branchemen­t prend  minutes, et ça permet au coussin relationne­l de communique­r avec la télévision. Il a une autonomie de six mois. Quand il ne reste plus que  % de batterie, une alerte est intégrée dans le process et le facteur vient au domicile de la personne, pour changer les piles. C’est important le partenaria­t que nous avons avec La Poste, car le facteur c’est une personne de confiance, et ça permet d’avoir du lien social.»

envoyé des photos à ma mère. Elle était contente, ça la tient au courant de ce qu’on fait. » Entre chacune de ses visites à sa mère, à Fréjus, l’inventeur peut ainsi l’associer à sa vie quotidienn­e. Victor, lui, n’a jamais reçu autant d’appels de sa grandmère. « Elle m’appelle davantage, c’est bien .» Il sourit. Alain Tixier active la touche « loisirs » pour nous montrer une autre facette de « son » coussin. « Les personnes peuvent accéder à une bibliothèq­ue sonore. » De nombreux livres audio sont disponible­s « grâce aux conseils départemen­taux de l’Ain

et du Puy-de-Dôme qui ont mis leur médiathèqu­e à dispositio­n ; nous avons plus de 4 000 heures. »Le coussin donne aussi accès à de la musique, des quiz, et même des jeux. « On peut jouer au Scrabble, avec d’autres personnes, à distance. » Avec ce coussin, Alain Tixier espère apporter une solution pour briser l’isolement, mais l’objet apporte aussi d’autres services aux personnes dépendante­s : téléassist­ance, Google agenda, recettes… Plus d’une centaine de personnes en France l’ont déjà adopté.

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(Photo P. Bertini) Alain Tixier a obtenu la médaille d’or  au concours Lépine. « Viktor », le coussin connecté, possède plusieurs fonctionna­lités : ouvrir les messages envoyés par sa famille, faire défiler des photos sur la télévision (grâce à la connexion en...
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