Emmanuel Macron engendre une large palette de réactions Mélenchon étrille Macron et justifie son absence
Le discours du chef de l’Etat a été suivi, durant une durée analogue, par onze interventions de responsables parlementaires, plus ou moins laudatifs, disponibles, exigeants ou... critiques
Au discours d’Emmanuel Macron a succédé à Versailles un enchaînement, d’une heure et demie également, d’interventions de parlementaires responsables d’un groupe. Tantôt très enthousiastes, tantôt plus réservés voire critiques, en fonction de leur appartenance politique. Richard Ferrand a ouvert le bal en tant que président du groupe des députés de La République en marche. Il a insisté sur la nécessité de relancer une Europe traçant des perspectives partagées. Il a, aussi, planté les piliers du macronisme : libérer, protéger, réconcilier, « en légiférant sur l’essentiel et en s’appuyant sur une éthique de la méthode et des résultats » .Ila, enfin, marqué la volonté des députés marcheurs de coconstruire la loi « avec ouverture et pragmatisme ». François Patriat, sénateur de la majorité présidentielle, a dans la même veine salué la volonté de « réinventer la démocratie, un projet toujours inachevé, en affichant la confiance de la France en elle-même et en libérant les initiatives ». Une volonté d’ouverture dont demandent encore à être convaincus les parlementaires LR, à commencer par la députée Virginie Duby-Muller qui, revenant sur l’épisode du troisième poste de questeur qui a échappé à Eric Ciotti au profit de Thierry Solère, a volontiers pointé la pérennité de vieilles pratiques. Et d’inviter à « une démocratie réellement apaisée où chacun se respecte ». L’élue de HauteSavoie s’est surtout élevée contre le projet de réforme institutionnelle, estimant que la proportionnelle constituait « un recul démocratique, portant en germe une Assemblée hors sol », fustigeant également la limitation des mandats dans le temps qui ira, à ses yeux, à l’encontre de la souveraineté populaire.
Retailleau et Faure les plus virulents
Le sénateur LR Bruno Retailleau a pour sa part mis en exergue la triple révolution à mener, « pour faire sauter les verrous contre le chômage de masse, libérer l’économie et lutter avec détermination contre les terroristes islamistes, le repli identitaire et les communautarismes ». «Mais il faut agir de façon concrète, pas seulement avec des mots, a-t-il prévenu. Nous serons disponibles pour des propositions, mais nous serons une opposition vigilante qui refusera la tentation hégémonique. » Franck Riester, au nom des Républicains constructifs, Devant ses partisans réunis place de la République, à Paris, le leader de La France insoumise est revenu sur sa volonté de ne pas se rendre à Versailles pour écouter le président de la République. « Nous ne sommes pas pas allés à Versailles parce que le président de la République y prenait la parole. C’est un droit constitutionnel depuis que Nicolas s’est naturellement montré plus amène. Il a dit sa détermination «à moderniser le pays, en dépassant les vieux réflexes partisans et en apportant des propositions Sarkozy l’a instauré. (...) Nous n’y sommes pas allés parce que nous avons parfaitement compris le message. Il parle à la veille du discours d’intérêt général du Premier ministre. Il se passe quelque chose d’important au niveau institutionnel. L’ordre républicain aurait voulu que le Premier ministre parle d’abord, que l’Assemblée nationale crédibles pour libérer les énergies du pays ». Olivier Faure, patron du groupe Nouvelle gauche à l’Assemblée, aura de loin été le plus virulent. Il a déploré vote ou non la confiance, et ensuite, s’il le souhaite, le Président aurait pu parler ». Face à ses partisans, le leader de la France insoumise a indiqué que le groupe LFI avait déposé amendements, hier après-midi, concernant les ordonnances de la loi travail. L’ancien candidat à la présidentielle a également regretté que le Président «ait parlé puis se soit échappé, sans débattre », soulignant qu’il lui reste à obtenir l’adhésion des Français en opérant des choix et en faisant fi du « en même temps ». «Conduire une politique et de gauche et de droite, c’est conduire une politique sans choix. L’eau froide et l’eau chaude n’ont jamais donné que de l’eau tiède », a-t-il ironisé, plaidant pour un arsenal de mesures sociales. Philippe Adnot, sénateur non inscrit, a promis « un examen des textes sans a priori et avec une liberté absolue. Nos concitoyens ne comprendraient pas que le dialogue se limite à l’entresoi majoritaire. Il faut que les efforts demandés aux Français soient jutes et efficaces ». Une position qui a, peu ou prou, été celle des quatre autres orateurs qui sont intervenus. Que ce soit Gilbert Barbier, sénateur du Rassemblement démocratique, Marc Fesneau pour le Modem, Vincent Capo-Canellas pour l’UDI et Didier Guillaume qui, au nom du PS, a espéré la réaffirmation d’une «République une et indivisible, pour lutter contre les fractures de notre société qui sont toujours là». qu’il n’y ait « rien de concret sur le défi économique et social, l’Europe, l’éducation, la sécurité, l’immigration ». « L’exercice ressemblait à une dissertation de prépa littéraire pleine de généreux principes auxquels nous adhérons tous, mais qui ne laisse aucun motif d’espoir aux Français. » Conclusion : « Tout ça… pour ça ! »