Assises: vingt ans requis pour les viols de Valbonne
En appel devant les jurés varois, Sean O’Neil est resté dans la dénégation d’abus sexuels sur des lycéennes de 15 ans, sur lesquelles il exerçait une fascination. Parole à la défense
Vingt ans de réclusion ont été requis hier, devant la cour d’assises du Var, contre Sean O’Neil, un Australien de 45 ans, pour les viols ou corruptions de quatre jeunes filles de 15 ans, entre 2009 et 2010 à Valbonne. C’est la même peine qui avait été requise en appel devant les assises d’Aix-en-Provence, qui avaient condamné l’accusé à dixneuf ans. En premier ressort devant les assises de Nice, Sean O’Neil avait été condamné à quinze ans. Ce troisième procès pour la même affaire intervient après cassation, l’accusé se trouvant en détention provisoire depuis septembre 2010.
Pervers narcissique pour le psychologue
Selon le psychologue, Sean O’Neil était un pervers narcissique. Il en voulait pour preuve qu’il avait même essayé de manipuler les experts, en se posant en victime. Il a indiqué que le mécanisme d’emprise mis en oeuvre par l’accusé, consistait à créer chez les plaignantes un sentiment de culpabilité. Une manipulation d’autant plus aisée qu’elles avaient une personnalité fragile à la base. «Il n’est pas bon d’avoir plusieurs maîtres. Qu’un seul soit le maître, qu’un seul soit le roi.» Empruntant à La Boétie, l’avocat général Manuel Munoz a précisé aux jurés qu’ils devaient se poser la question de l’asservissement volontaire. Car il n’y avait pas eu de contrainte physique. Les plaignantes reconnaissant qu’elles avaient participé sans réserve aux séances de prières à Krishna et de sexualité de groupe que souhaitait Sean O’Neil. «Pour autant, quel degré de conscience avaient ces jeunes filles de 15 ans face à un homme de 35.» Sur les accusations principales de viols sur des jeunes filles vulnérables, l’avocat général a observé que l’accusé ne contestait pas la matérialité des actes sexuels. L’essentiel était dans la contrainte morale, «qui doit s’apprécier en tenant compte des capacités de résistance de victimes de leur âge». Pour M. Munoz, le facteur temps était essentiel dans la compréhension de cette affaire. Car au début de l’enquête, les jeunes filles étaient relativement neutres vis-à-vis de l’accusé. «C’est seulement avec le temps qu’elles ont pu se dégager de son emprise. Elles étaient tellement embrigadées qu’elles disaient que boire l’urine de leur “roi” était un privilège.» Sur la peine, l’avocat général a pris acte du fait que, à la différence des plaignantes, la position de Sean O’Neil n’avait pas évolué depuis septembre 2010. «Il est figé. Il ne voit pas où est le problème», a-t-il conclu pour requérir vingt ans. Ce matin, la parole sera donnée à Me Dominique P. Teboul, pour la défense de l’accusé. G. D.