Hulot dévoile un «Plan climat» ambitieux… à long terme
Le ministre de la Transition écologique a tracé hier les grandes lignes de la politique française en la matière. Un cap audacieux mais qui manque pour l’instant de traductions concrètes à court terme
La fin de la commercialisation des véhicules essence et diesel d’ici à 2040 : à l’image de cette annonce spectaculaire, c’est un « Plan climat » ambitieux, mais manquant souvent de traductions concrètes dans l’immédiat, qu’a détaillé hier Nicolas Hulot. Des transports au logement, le texte fixe un cap audacieux et multiplie grands chantiers et objectifs datés… mais à des échéances lointaines. «Ce n’est pas une fin en soi, c’est un programme qui va se structurer au fil de ces cinq ans [...], une colonne vertébrale », a d’ailleurs expliqué le ministre de la Transition écologique, comme pour anticiper les critiques des ONG qui ont accueilli ce plan avec tiédeur.
Neutralité carbone à l’horizon
Lui s’est dit «fier» que la France soit à l’offensive pour défendre l’accord de Paris sur le climat, et a réaffirmé l’objectif, annoncé par le Premier ministre Édouard Philippe, de faire de la France un pays «neutre en carbone» à l’horizon 2050. Autrement dit qu’il faudra capturer, avec les sols et les forêts, autant de gaz à effet de serre que ceux qui seront encore émis. L’objectif, jusqu’ici, était de de diviser par quatre les émissions entre 1990 et 2050, avec une baisse de 40% en 2030. Pour ce faire, Nicolas Hulot a dit vouloir «faire disparaître» d’ici à dix ans «les passoires thermiques» : sept millions de bâtiments très mal isolés et énergivores. Quatre des cinquante milliards d’euros du plan d’investissement annoncé par le Premier ministre devraient y être consacrés. En matière de transports, il a annoncé des « assises nationales de la mobilité» et, comme déjà dit, l’arrêt d’ici une vingtaine d’années de la vente des véhicules essence et diesel. Les ménages modestes devraient bénéficier d’une prime pour se débarrasser des véhicules les plus polluants (diesel d’avant 1997 et essence d’avant 2001), mais son montant reste à préciser. De la même manière, des aides pour les ménages (hausse du chèque énergie, remplacement des chaudières au fioul...) seront prévues pour compenser «l’augmentation accélérée du prix du carbone» qui figurera dans le projet de loi de finances cet automne.
Le nucléaire peu abordé
Nicolas Hulot a aussi évoqué la fin des nouveaux permis d’exploitation d’hydrocarbures, et l’arrêt de l’importation de produits forestiers ou agricoles contribuant à la déforestation en Amazonie, en Asie du Sud-Est et en Afrique. Autres domaines où il s’est contenté d’identifier de grands chantiers à mener : « l’économie circulaire » (via le recyclage, etc.) pour laquelle une feuille de route sera publiée en 2018, l’arrêt des dernières centrales électriques au charbon, et l’alimentation, qui aura droit à des « états généraux ».
Sur le nucléaire, l’objectif est de limiter sa part à 50 % de la production totale d’énergie d’ici à 2025... mais la réduction du nombre de centrales n’a pas du tout été évoquée.
Quant aux énergies renouvelables, «il faut encore simplifier le cadre» réglementaire, s’est borné à dire Nicolas Hulot, en se disant favorable à des expérimentations.