Y. Arthus-Bertrand à Ste-Marguerite lundi
Directrice de la culture, Maud Boissac explique le long et difficile processus qui pourrait aboutir au label mondial. En soutien, Yann Arthus-Bertrand est à Sainte-Marguerite ce lundi
Initiée durant le Festival 2015, la candidature de Cannes au patrimoine mondial de l’Unesco, recentrée depuis peu sur les îles de Lérins, est un processus long et complexe. Chaque samedi, vous retrouverez dans nos pages, une série d’articles pour présenter le travail réalisé et faire le point. Aujourd’hui, c’est Maud Boissac, directrice des affaires culturelles de Cannes, qui décrypte la méthodologie choisie pour offrir au dossier le maximum de chances d’aboutir un jour.
Recentrer la candidature sur les îles de Lérins alors que Cannes l’a lancée en 2015. Du temps perdu ?
Non, car ce label Unesco est la cerise sur le gâteau. La démarche est intéressante pour nous : elle permet de voir que notre patrimoine est digne d’intérêt, qu’il crée un sentiment de fierté chez les Cannois, qu’il est vecteur de transmission et d’éducation. C’est le chemin à faire qui importe.
Comment fonctionne le comité scientifique créé en novembre 2016 qui travaille sur le dossier ?
Il réunit 25 personnes, personnels de la Ville et spécialistes (conservateurs, archéologues, experts, historiens). Sa mission : regarder l’ensemble des critères normés imposés par l’Unesco pour comprendre comment notre bien, les îles de Lérins, a une valeur universelle.
Quels sont ces critères ?
Il y a différents critères : patrimoine naturel, archéologique, immatériel, lié au religieux, à la villégiature, au militaire... Chaque critère a donné lieu à une journée de travail d’une commission scientifique, le plus souvent sur les îles. La dernière des six réunions sur le patrimoine immatériel aura lieu en août.
Quel est le bilan ?
Nous n’avons pas de chefd’oeuvre majeur mais ces îles sont une illustration exceptionnelle d’une occupation religieuse et militaire traditionnelle. Religieuse avec les chapelles de St Honorat datant du 5e siècle, la tour monastère du 19e jusqu’à l’abbaye du e. Militaire avec le Fort Royal de SainteMarguerite, ses boulets de canon, ses bunkers allemands de la 2e guerre mondiale. Le critère du rayonnement intellectuel est aussi retenu avec différents écrits de Mérimée.
Le dossier sera déposé en décembre. Quels sont les arguments ?
On est en train de le rédiger. Nous proposons une analyse comparative avec autres îles du monde déjà classées au patrimoine mondial ou sur la liste indicative des biens français (sites en liste d’attente). On essaie de mettre en avant nos atouts par rapport à ces archipels.
Une fois le dossier déposé, quelle est l’étape suivante?
Le ministère de la Culture l’étudie. Des experts viennent voir le site, émettent des avis. Il faut attendre un ou deux ans pour savoir si l’État met Lérins sur la liste indicative des biens français. Il y a 42 sites inscrits à ce jour, certains depuis plus de 20 ans. C’est l’État français qui fait le choix de proposer à l’Unesco un seul site par an. Le processus peut durer dix ans...
Quels sont les points faibles de la candidature?
Les a priori négatifs et les clichés autour de Cannes. Or, ce n’est pas une candidature marketing !
S’il aboutit, le classement à l’Unesco ne va-t-il pas créer l’affluence et détériorer les îles ?
En même temps, on va présenter un plan de gestion. On veut montrer au comité mondial qu’on a la capacité de préserver le bien.
Vous y croyez ?
Je pense que notre analyse tient la route. Notre dossier se défend même si la concurrence est rude. Notre atout : les différents propriétaires, l’ONF, la Ville et les moines, sont parties prenantes sur ce projet.