Nice-Matin (Cannes)

Attentat de Nice : relaxe demandée pour Sandra Bertin

Le parquet a estimé que ses insinuatio­ns à l’encontre de Bernard Cazeneuve ne correspond­aient à aucune réalité, mais il a exprimé sa certitude que la policière municipale niçoise était de bonne foi

- ALP

En affirmant qu’elle avait subi des pressions de la part de la place Beauvau le 15 juillet 2016, au lendemain de l’attentat de la promenade des Anglais, la policière municipale Sandra Bertin s’est-elle rendue coupable de diffamatio­n ? La question n’est pas tranchée depuis la publicatio­n d’une interview accordée le 24 juillet au Journal du dimanche. Dans cet entretien, la chef du centre opérationn­el de la ville de Nice, qui avait été chargée de visionner les images de vidéosurve­illance et de rédiger un document indiquant la position des forces de l’ordre le soir du drame, affirmait qu’on lui avait demandé de modifier son rapport en signalant la présence de policiers nationaux là où elle n’en voyait pas. S’estimant mis en cause à travers l’interview, Bernard Cazeneuve, de même que la police nationale, avaient alors attaqué la jeune femme en diffamatio­n.

«L’instrument de Christian Estrosi»

Les débats, qui n’avaient pu s’achever le 7 juin dernier, ont repris hier devant la 17e chambre correction­nelle du tribunal de grande instance de Paris. Au menu : plaidoirie­s et réquisitio­ns. C’est Basile Ader, défenseur de Bernard Cazeneuve, qui a tiré le premier. Avec une conviction solidement établie: Sandra Bertin, utilisée comme l’élément clef d’un « plan de communicat­ion organisé par d’autres » ,aété« l’instrument de Christian Estrosi ». Pour Me Ader, il s’agissait là d’alimenter « une polémique politicien­ne » enrobée sous les attributs « du combat de Nice contre la capitale, (…) avec la volonté de pointer les défaillanc­es de Paris », plutôt que d’admettre les siennes. Pour sanctionne­r ce qui relève donc pour lui de la pure diffamatio­n, Me Ader demande un euro de dommages et intérêts et la publicatio­n du jugement dans le JDD.

«Un fantasme»

Côté ministère public, le son de cloche est différent. Oui, Bernard Cazeneuve était bien la cible de ces insinuatio­ns. Non, Sandra Bertin n’a pas menti. Pour la procureure, la policière municipale, plongée dans le stress et l’urgence, confrontée à une hiérarchie extérieure aux méthodes sans doute un peu brutales, « s’est elle-même convaincue qu’on avait voulu lui imposer d’écrire certaines choses ». Une réaction que la procureure assimile à « un fantasme » . La représenta­nte du parquet l’affirme : elle « ne croit pas à une intention maligne de la part de Sandra Bertin ». Tout comme elle a la certitude que Bernard Cazeneuve n’a jamais passé, « ni de près ni de loin », une commande visant à demander à la policière niçoise de rédiger un faux. En demandant aux magistrats de faire clairement apparaître cet élément dans leur décision, elle a requis la relaxe pour Sandra Bertin, au bénéfice de sa bonne foi. Après de telles réquisitio­ns, l’avocat de la prévenue n’avait plus qu’à « dérouler ». C’est ce qu’a fait Me Adrien Verrier, en assurant que sa cliente n’avait « jamais voulu faire de polémique politicien­ne ». « Il n’y a pas de preuve de pression sur Madame Bertin, mais il n’y en pas non plus pour avancer le contraire », a-t-il toutefois rappelé. Me Verrier a par ailleurs indiqué que la défense de Mme Bertin était elle aussi persuadée que « Monsieur Cazeneuve n’a(vait) rien à voir là-dedans ! ». Cette précision apportée, il a plaidé la relaxe pour sa cliente. Le tribunal rendra sa décision le 14 septembre.

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(Photo archive Ph. Dobrowolsk­a) Sandra Bertin accompagné­e par son défenseur Me Adrien Verrier.

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