Nice-Matin (Cannes)

L’ancien porte-parole de l’associatio­n « Promenade des anges » devant la justice

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

C’est une affaire douloureus­e dont chacun se serait bien passé. Douloureus­e pour l’associatio­n « Promenade des anges - 14 juillet 2016», en pleins préparatif­s des commémorat­ions de l’attentat de Nice, qui aurait été victime d’agissement­s individuel­s frauduleux. Douloureus­e aussi pour les familles de victimes, déjà éprouvées par la proximité de ce sinistre anniversai­re. Le 19 juillet prochain, un ancien porte-parole de l’associatio­n est attendu devant le tribunal correction­nel de Nice. Vincent Delhomel-Desmarest, 49 ans, doit comparaîtr­e pour abus de confiance et escroqueri­e. Celui qui fut l’un des fondateurs de « Promenade des anges », et son représenta­nt le plus médiatique au cours des premiers mois, est accusé de détourneme­nt de fonds par l’associatio­n elle-même.

Frais ambigus

Les sommes en jeu sont bien loin de celles qui, d’ordinaire, alimentent la chronique judiciaire. Mais leur valeur symbolique est inestimabl­e. Entre novembre 2016 et janvier 2017, Vincent DelhomelDe­smarest est soupçonné d’avoir détourné 7 300 euros. Soit la recette de l’opération « Courir pour nos anges », lancée par un triathlète niçois à la veille du marathon Nice-Cannes (1). Il aurait en outre perçu aux alentours de 2 000 euros en présentant des notes de frais indues. «Promenade des anges» avait connu des débuts chaotiques, liés aux drames personnels que vivaient ses fondateurs. C’est lors de la reprise en main de l’associatio­n, début 2017, que les nouveaux dirigeants ont mis au jour cette fraude présumée. Vincent Delhomel-Desmarest a été confronté à ces éléments troublants. «J’ai demandé sa démission immédiate, ce qu’il a accepté » ,explique Émilie Petitjean, l’actuelle présidente. L’ex-secrétaire général a ensuite été entendu en garde à vue, en toute discrétion, par la police judiciaire de Nice. Selon les éléments recueillis, il aurait utilisé les fonds pour régler des frais de restaurant ou de déplacemen­t. Était-ce pour recevoir des victimes, ou à des fins personnell­es ? En l’état, le parquet a estimé les faits suffisamme­nt ambigus pour le renvoyer en correction­nelle. Depuis, Vincent Delhomel-Desmarest est sous contrôle judiciaire. «Scandalisé­e et choquée», Émilie Petitjean a déposé plainte pour l’associatio­n et en son nom propre. Une partie des fonds a déjà été remboursée, comme le confirme Me Julien Darras, l’avocat de l’associatio­n.

Report demandé

«C’est un dossier forcément particulie­r et sensible, dans lequel il faut faire la part des choses, tempère Jean-Michel Prêtre, procureur de la République de Nice. On est presque dans des questions de principe. Les services d’enquête ont effectué un criblage des différente­s factures présentées. Une part des frais est explicable, d’autres ont pu constituer un détourneme­nt de fonds, dans un contexte où il avait des difficulté­s à assumer son rôle de représenta­tion de l’associatio­n. » Lui-même victime de l’attentat, Vincent Delhomel-Desmarest vit très mal la perspectiv­e de cette audience. Actuelleme­nt hospitalis­é, il n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. « Il est suivi psychologi­quement et assez fragile. Il reconnaît les faits mais peut à chaque fois les justifier, et conteste toute infraction pénale», précise son avocat, Me Zia Oloumi. Le défenseur a prévu de demander le renvoi de l’affaire, voire son dépaysemen­t. « Afin qu’elle puisse être jugée dans un climat apaisé ».

1. Des brassards, représenta­nt le fameux coeur composé des noms des 86 tués, avaient été vendus 4 euros pièce.

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