Nice-Matin (Cannes)

Ferrand a été entendu par la police judiciaire

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Richard Ferrand, l’ex-ministre devenu chef de file des députés REM à l’Assemblée, a été entendu à Rennes dans le cadre de l’enquête préliminai­re ouverte par le parquet de Brest sur l’affaire immobilièr­e des Mutuelles de Bretagne. L’informatio­n, révélée hier par Le Télégramme, a été confirmée par le procureur de la République de Brest Éric Mathais, qui n’a pas souhaité donner davantage d’informatio­ns. Selon le quotidien breton, le député du Finistère, qui fait partie du premier cercle d’Emmanuel Macron, a été entendu longuement jeudi par la police judiciaire. L’audition s’est déroulée dans la plus grande discrétion à l’hôtel de police de Rennes de 14 heures jusqu’à au moins 21 heures, et aurait porté sur les «conditions d’acquisitio­n et de location du local des Mutuelles de Bretagne par sa compagne en 2011, et de la mission de conseil qui lui a été confiée après son départ des Mutuelles en 2012, quand il a été élu député ». Aucune infraction pénale n’aurait toutefois été mise au jour, et l’enquête se joue sur la question de savoir si les Mutuelles de Bretagne étaient ou non « investies d’une mission de service public ».

Une décision avant la fin du mois ?

Si c’est le cas, «et en tenant compte de règles de prescripti­on complexes, l’infraction de prise illégale d’intérêts pourrait être constituée », selon le quotidien, qui ajoute qu’une décision judiciaire « pourrait intervenir avant la fin du mois de juillet ». Richard Ferrand a été mis en cause le 24 mai dernier par Le Canard Enchaîné. Selon l’hebdomadai­re, les Mutuelles de Bretagne, dont M. Ferrand était le directeur général, avaient souhaité en 2011 louer des locaux commerciau­x à Brest pour ouvrir un centre de soins et avaient choisi entre trois propositio­ns celle d’une société immobilièr­e appartenan­t à la compagne de M. Ferrand. Cette dernière, selon l’hebdomadai­re, monte alors très rapidement une société civile immobilièr­e (SCI) et la promesse de location lui permet d’obtenir un prêt bancaire équivalent à la totalité du prix de ces locaux «en mauvais état». Outre une rénovation complète des locaux par la mutuelle pour 184000 euros, toujours selon Le Canard, la valeur des parts de la SCI «a été multipliée par 3000» six ans plus tard. Une semaine plus tard, Le Monde avait accusé M. Ferrand de « mélange des genres » entre affaires privées et vie publique, assurant qu’il « a fait bénéficier de plusieurs contrats des proches, dont son ex-femme et sa compagne ». Le quotidien révèle également que l’ex-socialiste breton, nouvelleme­nt élu député en 2012, a conservé un poste de chargé de mission auprès de la nouvelle directrice des Mutuelles de Bretagne, rémunéré 1 250 euros par mois, et ce pendant toute la législatur­e.

Les intéressés restent silencieux

Après avoir annoncé que ces éléments ne permettaie­nt pas d’ouvrir une enquête, le parquet de Brest s’était ravisé en annonçant l’ouverture d’une enquête préliminai­re le 1er juin. Le même jour, l’associatio­n anticorrup­tion Anticor avait porté plainte contre X sur le fondement du délit d’abus de confiance visant Richard Ferrand, sa compagne ainsi que les membres du conseil d’administra­tion des Mutuelles de Bretagne. Contacté hier par l’AFP, Richard Ferrand restait injoignabl­e, et son entourage n’a pas souhaité faire de commentair­e.

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(Photo d’archives AFP) L’audition de Richard Ferrand aurait duré au moins sept heures.

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