Nice-Matin (Cannes)

Le retour du réel

- Par DENIS JEAMBAR

« L’envie d’être optimiste n’est pas encore retombée, mais le pouvoir se retrouve dès à présent confronté au retour du scepticism­e gaulois. »

Finie l’euphorie de la victoire, jour après jour le pouvoir plonge dans le réel. Certes, l’eau n’est pas glacée ni même froide, mais elle est tout de même fraîche. Bien sûr, il y a quelques bonnes nouvelles comme cette reprise mondiale qui permet à la France d’espérer une croissance de , % cette année. Même si la courbe du chômage demeure chaotique, la tendance est légèrement à la baisse. L’emploi des cadres devrait même progresser de  % cette année avec   recrutemen­ts attendus. Reste que ce rebond demeure fragile. Il revient à chaque pays de la zone euro de le conforter. Et d’abord à la France qui, malgré ce sursaut, demeure le mauvais élève de la classe européenne. Bref, l’embellie ne garantit pas encore le grand beau. Les Français l’ont déjà compris. L’envie d’être optimiste n’est pas encore retombée mais le pouvoir se retrouve dès à présent confronté au retour du scepticism­e gaulois. Sarkozy avait connu six mois d’état de grâce, Hollande était devenu impopulair­e au bout de trois mois. Après deux mois de pouvoir, le tandem MacronPhil­ippe voit arriver la grisaille des sondages. Selon une enquête Odoxa pour Le Figaro et France Info publiée hier, ils ne sont plus que  % à croire à une améliorati­on de la situation du pays après le discours du Président devant le Congrès le  juillet dernier, et  % seulement à approuver les mesures annoncées par le Premier ministre devant l’Assemblée nationale le  juillet. Le plus préoccupan­t est le rejet par  % des personnes interrogée­s de l’augmentati­on de la CSG afin de faire baisser les cotisation­s salariales. C’était la promesse majeure d’Emmanuel Macron, la voici contestée. Sans surprise, il est vrai, car l’éclatant succès du Président ne doit pas dissimuler la réalité : son noyau dur électoral, c’est-à-dire son score au premier tour de la présidenti­elle, était faible, à peine plus de  % des électeurs inscrits. Résultat confirmé par les  % des candidats En Marche ! au premier tour des législativ­es. La légitimité du pouvoir est entière mais son assise politique est étroite pour affronter sereinemen­t la réalité, notamment la situation financière et sociale du pays. Le chef de l’Etat espère créer un choc de confiance avec la réforme des institutio­ns mais il est évident que les Français n’en rêvent pas la nuit. Ils attendent autre chose, c’est-à-dire du travail et du pouvoir d’achat. Et ils ont bien compris à travers les deux discours du début de la semaine que nombre de réformes, notamment les baisses d’impôts, étaient différées. Elles seront peut-être symbolique­ment votées cet automne mais leur mise en oeuvre ne surviendra pas avant , voire . Priorité à la lutte contre les déficits et donc à la réduction de la dépense publique. Ce qui signifie des efforts supplément­aires. Pour qui ? Chaque Français semble déjà se le demander.

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