Nice-Matin (Cannes)

Benoît Hamon: «Paca est une de nos régions cibles»

A la tête du tout nouveau Mouvement du 1er juillet, l’ancien candidat PS à la présidenti­elle veut faire grandir son projet écologique et social, en particulie­r là où la gauche est en jachère

- RECUEILLI PAR TH. PRUDHON

Laminé à la présidenti­elle (6,4 %) puis écarté dès le premier tour des législativ­es, Benoît Hamon ne lâche pas le morceau. Convaincu que sa vision social-écologiste a de l’avenir, il vient de lancer le Mouvement du 1er juillet pour ouvrir plus largement le débat à gauche. Il revendique déjà plus de 10 000 adhérents.

Si c’était à refaire, que changeriez-vous dans votre campagne présidenti­elle ?

La clé d’une présidenti­elle, c’est la préparatio­n. Et en l’occurrence, je n’ai pas maîtrisé cet aspect-là. Notre primaire qui s’est terminée très tard ne nous a pas permis d’anticiper la campagne. Le contexte politique et nos propres erreurs expliquent également une défaite aussi lourde. Il était de toute façon très difficile, quel que soit le candidat, quel que soit son projet, de faire entendre la voix d’un candidat du PS.

Votre projet a suscité la sympathie mais pas l’adhésion de l’électorat, qui ne l’a pas jugé réaliste…

C’est déjà un exploit d’avoir rendu sympathiqu­e une candidatur­e socialiste dont on imaginait qu’elle se ferait sous protection des CRS face aux manifestat­ions de citoyens exaspérés par le quinquenna­t ! La réalité, c’est que l’intérêt qu’a pu susciter mon projet n’a pas suffi à neutralise­r la volonté de sanctionne­r les socialiste­s en général. Notre choix, anticipant une défaite probable, a été de fertiliser pour l’avenir un terrain de plus en plus sec à gauche par des idées qui vont avoir besoin de temps pour éclore et grandir. On savait qu’un socialiste ne pouvait pas être élu derrière François Hollande.

Les macroniste­s partis, vous auriez pu refonder le PS de l’intérieur ?

Les macroniste­s n’ont pas tous quitté le PS. Beaucoup l’imaginent comme un supplétif de Macron. Le socialisme est mis au défi de la modernité, de la transition écologique et des mutations du capitalism­e. Et ces défis, il faut les relever dans le cadre d’un débat à gauche qui fasse tomber les enclos dans lesquels nous étions enfermés. Je ne divorce pas avec le PS. Mais pour recréer des passerelle­s à gauche, je pense être plus utile à l’extérieur qu’en restant à la tête d’une sensibilit­é d’un parti lui-même minoritair­e.

Vous risquez d’être un confetti de plus dans une gauche en miettes…

Je ne le crois pas. Je pense que les Français peuvent être convaincus de la nécessité de changer leur rapport au développem­ent, au travail et à l’environnem­ent. Je veux créer un lieu ouvert avec des socialiste­s, mais aussi des écologiste­s, des communiste­s et des gens qui n’ont aucune carte, pour leur proposer des formes plus souples d’engagement.

Des idées nouvelles ?

On va d’abord faire l’inventaire de ce qui a marché ou pas à la présidenti­elle. Beaucoup se sont sentis menacés dans leur rapport au travail par le revenu universel. C’est donc que l’on n’a pas correcteme­nt traité cette question. Nous allons bosser sur trois grands chapitres : la démocratie, l’écologie et le travail. Et nous avons défini trois régions cibles : Paca, les Hautsde-France et le Grand-Est, des territoire­s où la gauche a parfois totalement disparu.

Les débuts du gouverneme­nt ?

Il veut encore précariser sous prétexte de créer de l’emploi, ce qui n’a été démontré par aucune étude théorique ou empirique. Déréglemen­ter le marché du travail n’améliore pas le taux d’emploi. Cette pente va générer des chocs sociaux. Sur l’écologie, il y a des points positifs, comme le renforceme­nt du principe pollueur-payeur. Je trouve en revanche décevant l’objectif de  pour la fin de l’essence et du diesel. L’Allemagne a fixé . Renault et Peugeot, en raison de leurs mauvais choix stratégiqu­es, nous imposent un calendrier en deçà du nécessaire. Et puis la forte déception, c’est la définition très favorable aux lobbys industriel­s des perturbate­urs endocrinie­ns.

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