Nice-Matin (Cannes)

Qui pour incarner la prévention en France ?

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Jean-Claude Castanier est un économiste de santé varois. Il connaît particuliè­rement bien la thématique de la prévention qu’il analyse comme « le premier enjeu en matière de santé publique ». Cependant, il pointe du doigt ce qui représente selon lui le plus gros écueil : l’absence de « pilote » au niveau national. « Tant qu’il n’y aura pas une incarnatio­n de la prévention, un “Monsieur ou Madame prévention”, cela ne marchera pas. Pour l’instant, on observe une multitude d’initiative­s de part et d’autre, mais rien de véritablem­ent structuré. » Pour ce spécialist­e, il faudrait que la prévention soit prise à bras-lecorps par une institutio­n, représenté­e par une personne identifiée et identifiab­le qui cordonne les différente­s actions et mettte en musique toutes les composante­s de cette thématique. « Aujourd’hui, on engage  % des Dépenses courantes de santé (DCS, c’està-dire tout ce qui est dépensé pour la santé au sens large, soit  milliards d’euros par an en France, Ndlr) pour la prévention. Cela représente beaucoup de choses diverses, mais il faut organiser tout cela. Pour faire les bons choix – ne pas, par exemple, reproduire le fiasco des  millions de doses de vaccin contre le HN commandés et sur lesquels seulement  millions avaient été utilisés ! – en adoptant une vision globale.» Emmanuel Ricard (Ligue nationale contre le cancer) souligne quant à lui l’exemple québécois : « À chaque fois qu’un projet de loi est rédigé, il doit obligatoir­ement être accompagné d’une étude d’impact sur la santé. Par exemple, s’il s’agit de construire une route, des recherches sont menées en amont pour identifier quelles seront les conséquenc­es sur les population­s, par exemple en termes de pollution. » Cela nécessite donc l’adoption d’une méthode centralisé­e à l’échelon national. Le responsabl­e « Prévention et promotion de la santé » de la Mutualité française Paca, Henri DeschauxBe­aume, se désole quant à lui de constater que «la prévention primaire, les actions de terrain sont peu financées. Nous voyons près de   élèves par an dans les Alpes-Maritimes sur des problémati­ques de sexualité, de contracept­ion, de VIH. À chaque fois, nous faisons une évaluation de ces actions qui s’avèrent être positives. Nous sommes convaincus que ces programmes devraient être généralisé­s.» Mais pour cela, il faut une volonté et un pouvoir décisionne­l central.

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