Nice-Matin (Cannes)

Epauler les malades grâce à l’éducation thérapeuti­que

- Dossier : Nancy CATTAN et Axelle TRUQUET

L’éducation thérapeuti­que, qui relève de la prévention tertiaire, permet aux malades de rencontrer des soignants et d’autres patients en dehors du cadre de la consultati­on et des soins. Ils peuvent ainsi mieux connaître la pathologie dont ils souffrent, mais également obtenir des renseignem­ents et conseils pratiques pour adapter le quotidien à leur maladie. Eric Balez, patientexp­ert et vice-président de l’Associatio­n François Aupetit spécialisé­e dans les Mici (Maladies inflammato­ires chroniques de l’intestin), promeut ce type d’actions. « Les évaluation­s montrent toutes l’efficacité de ces programmes et leur intérêt en termes de qualité de vie et de bien-être pour le patient», note le Dr Stéphanie Bastard (centre hospitalie­r d’AntibesJua­n-les-Pins). Eve Willems, infirmière coordinatr­ice en éducation thérapeuti­que au sein des cliniques Arnault Tzanck de Mougins, connaît particuliè­rement bien cette thématique. « Ces programmes sont gratuits pour les malades. Ils sont autorisés par l’ARS (Agence régionale de santé, Ndlr). Mais les mettre en place s’inscrit dans une démarche volontaire des établissem­ents de santé, et s’appuie sur l’implicatio­n des profession­nels. » Cependant, elle pointe du doigt ce qui coince : « Il faudrait pouvoir travailler en réseau, créer une continuité des soins sur le long cours pour que ce qui est fait en milieu hospitalie­r puisse trouver un prolongeme­nt et s’appliquer au domicile des patients. Une des difficulté­s que nous rencontron­s, c’est la motivation du malade, son accompagne­ment, puisque dans l’éducation thérapeuti­que, il apprend ce qu’il va devoir changer dans son comporteme­nt et dans ses habitudes. Cela demande donc un suivi et des entretiens réguliers.» Le directeur général adjoint du centre hospitalie­r de Cannes, Jean Brizon, confirme : «Il faut le courage de la persuasion, parce qu’on s’adresse à un public de porteurs de maladies chroniques. Il faut les convaincre de l’intérêt d’adhérer au programme d’éducation thérapeuti­que.» Eric Balez avance des propositio­ns : « Il faut aussi que les malades sachent que ces programmes existent, mettre des affiches dans les hôpitaux pour les informer ! » Dans le même ordre d’idées, le Pr Jean Mouiel (groupe Saint-George) a le sentiment que « dans les établissem­ents de santé, on a l’impression que les seuls médecins sensibilis­és à l’éducation thérapeuti­que sont ceux qui font les programmes. Il faudrait sensibilis­er les profession­nels dès la fac de médecine ! » Eric Balez met aussi l’accent sur des problèmes institutio­nnels : « L’ARS a mené une campagne d’éducation thérapeuti­que très bien faite. Pourquoi les autres ARS ne s’en inspirent-elles pas ? »

 ?? Prône l’éducation thérapeuti­que.(Photo DR) ?? Eric Balez (à droite)
Prône l’éducation thérapeuti­que.(Photo DR) Eric Balez (à droite)

Newspapers in French

Newspapers from France