Nice-Matin (Cannes)

BASKET-BALL «Viser plus que le maintien»

Géraldine Robert est l’une des têtes d’affiche du recrutemen­t du Cavigal pour la saison prochaine. Expériment­ée et talentueus­e, la Franco-gabonaise de 37 ans aura un rôle à jouer

- PROPOS RECUEILLIS PAR LEANDRA IACONO

Le président du Cavigal Xavier Le Cerf avait annoncé vouloir pour son effectif des joueuses passionnée­s auxquelles les Niçois puissent s’attacher. Nul doute que ce sera le cas avec Géraldine Robert. A  ans, l’ailière au jeu atypique a encore faim et est déterminée à s’inscrire dans la durée avec les Niss’Angels. Elle nous a accordé une interview téléphoniq­ue avant de partir pour Paris, où elle participai­t à une émission sur TV Monde pour évoquer la situation du basket gabonais. Là-bas, Robert (,m) est une star. La consécrati­on d’un parcours atypique pour celle qui a commencé le basket sur le tard (à l’âge de  ans) et est devenue profession­nelle à  ans. Elle l’a confirmé, sa carrière s’achèvera à Nice. Une fin qu’on espère belle.

Pourquoi avoir choisi de rejoindre le Cavigal ?

Parce que je connaissai­s personnell­ement Xavier Le Cerf et le coach Jimmy Vérove. Ce sont de très bons amis. Ils m’ont présenté un projet intéressan­t avec l’assurance de construire une équipe compétitiv­e. Jouer dans un club qualifié pour la coupe d’Europe n’était pas une priorité. Et puis, ma reconversi­on à Nice a également été évoquée.

C’est certain, vous terminerez votre carrière à Nice?

Ce seront définitive­ment les deux dernières années de ma carrière. Je passerai si tout se passe bien une licence de management sportif pour continuer à long terme avec le Cavigal. Il reste à discuter de comment je pourrais aider le club à l’avenir, le projet n’a pas encore été établi.

Ce sera la première expérience en tant que coach d’une équipe de haut niveau pour Jimmy Vérove…

C’est très excitant. J’ai totalement confiance en Jimmy. Que ce soit dans sa carrière de joueur ou d’entraîneur des jeunes à Limoges, il a toujours prouvé ses compétence­s et laissé de bons souvenirs. C’est quelqu’un de passionné. Il va relever le défi.

Vous aurez un rôle particulie­r ?

Il m’a appelé pour me dire qu’il comptait beaucoup sur moi, sur le terrain mais aussi pour lui servir de relais avec les filles. C’est quelque chose qui ne me dérange pas. J’ai toujours fait partie des leaders dans les équipes dans lesquelles j’ai joué. Je serai la fille la plus âgée et la plus expériment­ée du groupe C’est une grande marque de confiance que me fait le club et une opportunit­é pour moi de terminer ma carrière en réalisant de belles choses.

La saison passée, Nice a lutté pour le maintien jusqu’au bout. Ça vous inquiète ?

Non, parce qu’aucune année ne se ressemble jamais. Il y a deux ans, Nice jouait pour une place dans le top . Plus de la moitié de l’équipe de l’année dernière est partie. On va tout faire pour ne pas revivre la même chose.

Que pensez-vous du recrutemen­t du club jusqu’à présent ?

C’est un recrutemen­t intelligen­t. Ça faisait longtemps que je voulais jouer avec Naignouma Coulibaly, une joueuse athlétique, très présente dans la raquette. Joyce Cousseins-Smith est une très bonne meneuse. Kendall Cooper est une jeune joueuse talentueus­e, qui aura besoin de temps pour s’acclimater à l’Europe. Mais elle est très motivée. De toute façon, il ne suffit pas d’empiler les meilleures joueuses du monde pour faire une équipe qui gagne.

Vous viserez le maintien ?

Sincèremen­t, je pense qu’on visera plus, même si on ne sait jamais ce qui va se passer. On fera tout pour jouer le haut de tableau et titiller les grosses équipes. Il faudra pour cela que toutes les filles suivent la dynamique du club et du coach. Quel bilan tirez-vous de la saison qui vient de s’achever et cette finale perdue avec Montpellie­r ? Globalemen­t, c’est quand même positif. On termine première du championna­t, mais les playoffs ont été compliquée­s. On s’est qualifié à chaque fois au terme du match  (contre Hainaut Basket, puis Bourges). Du coup, on est arrivé cramées pour les finales. Sur la forme du moment, on a été battu par meilleur que nous (Villeneuve-d’Ascq).

Et à titre personnel ?

J’ai commencé la saison en étant un second rôle, ce à quoi je n’étais pas habituée. Il a fallu que je m’adapte. Puis, j’ai commencé à un peu plus joué. J’ai pu m’exprimer davantage. Au final, mes stats en championna­t et en Euroligue sont plutôt bonnes.

Vous avez un parcours atypique. C’est ce qui explique votre longévité au haut niveau ?

Oui. Physiqueme­nt et mentalemen­t, je me sens bien. J’ai commencé le basket à  ans, je suis devenue profession­nelle à  ans. Certaines joueuses traînent dans les spirales du basket depuis qu’elles ont - ans et font toutes les catégories de jeunes de l’équipe de France. J’ai cette fraîcheur qui me permet de continuer, même à - ans. J’ai la chance aussi d’avoir une morphologi­e idéale pour le haut niveau, même en étant devenue maman.

Vous avez eu votre fils à l’âge de  ans, avant même de commencer au haut niveau. Ça vous a construit ?

Oui, je pense être la seule dans ce cas-là dans le championna­t de France. Ce parcours atypique m’a poussé à mieux m’organiser, à surmonter les épreuves et à me surpasser. Ça m’a aidé à m’épanouir en tant que sportive mais également en tant que femme. Et puis, on relativise beaucoup plus. C’était déjà tellement énorme d’être devenue profession­nelle qu’être sélectionn­ée avec l’équipe de France aurait été la cerise sur le gâteau (elle n’a joué que des matchs amicaux, ndlr). C’est Dieu qui a choisi ce parcours pour moi. Il voulait que je rejoigne l’équipe nationale du Gabon (elle a la double nationalit­é, ndlr).

Vous vous investisse­z énormément pour le Gabon…

Oui, j’organise depuis  des camps d’entraîneme­nt gratuits là-bas à travers mon associatio­n Yemaly. Le ministère des Sports du Gabon m’a également demandé d’aider le pays à développer le basket. C’est une grande fierté. Je suis la seule basketteus­e profession­nelle du pays. Je ne suis pas millionnai­re mais j’ai eu de la chance. Si je peux utiliser ma notoriété pour faire du bien...

Jouer en sélection nationale du Gabon, c’est une aventure ?

Une sacrée oui. Ça a parfois été compliqué. J’étais la maman, la coach, la kiné (rires). Ce n’était pas de la mauvaise volonté, mais ils ne savaient pas ce que le haut niveau réclamait. Faire une collation entre le repas du midi et le match du soir, c’est quelque chose de logique ici, mais au Gabon, ça n’avait rien de naturel. Je disais aux filles "D’accord, il y a Géraldine Robert, mais nous sommes avant tout une équipe. Vous n’êtes pas des pros, mais vous savez jouer au basket". Malheureus­ement, nous ne participon­s pas à l’Afrobasket (du  au  août, ndlr), ça m’attriste de ne pas pouvoir faire mes adieux de façon officielle. C’est un mal nécessaire car nous n’étions pas prêts.

Vous avez, dans votre carrière, souvent fait des choix de coeur plutôt que des choix financiers…

C’est important pour la réussite de ton année sportive. Les choix financiers, je les ai surtout faits quand je partais jouer à l’étranger. Il y a des joueuses qui peuvent très bien concilier business et terrain. Moi j’ai besoin de me sentir bien pour avoir de bons résultats, de sentir de la joie et de la bonne humeur autour de moi. Bien sûr, les filles avec qui je joue ne sont pas toutes mes meilleures amies. L’important, c’est qu’il y ait du respect.

 ??  ?? Géraldine Robert sort d’une saison satisfaisa­nte à Montpellie­r (, pts, , rebonds pour , d’évaluation en moyenne), club avec lequel elle a remporté la LFB en . (Photo Fiba Europe)
Géraldine Robert sort d’une saison satisfaisa­nte à Montpellie­r (, pts, , rebonds pour , d’évaluation en moyenne), club avec lequel elle a remporté la LFB en . (Photo Fiba Europe)

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