Antonio Fargas: «Huggy les bons tuyaux, une question de survie »
peux pas rencontrer un quinqua sans qu’il me parle de Huggy. J’aurais été à l’affiche d’une comédie musicale pendant dix ans à Broadway, je n’aurais pas touché un public aussi large. C’est tout le pouvoir de la télévision.
Et la gloire qu’il vous a donnée ?
Je ne l’ai vraiment pas fait pour ça. Ni pour l’argent. Pour moi, travailler était une nécessité. Huggy les bons tuyaux, une question de survie. Il y a cinquante-sept ans, je n’étais pas censé être là où je suis aujourd’hui. Mais je suis là, avec le sentiment d’avoir fait un voyage spirituel. Tant d’autres acteurs auraient pu être choisis. Pourquoi moi ?
Que représente pour vous le mouvement « blaxploitation »?
C’était une opportunité de travailler, d’aller contre la discrimination à l’écran. À l’époque de Starsky et Hutch, j’étais l’un des rares acteurs afroaméricains à la télévision. Des progrès ont été accomplis par la suite avec des gens comme Bill Cosby ou Will Smith.
Vous faites aussi de la musique. Un mot sur votre groupe ?
La musique a toujours fait partie de ma vie. Dans mon esprit, elle était présente derrière chacun de mes rôles. Mettre ma voix au service d’un groupe, The New Jump Blues, c’était la possibilité de participer à des festivals de jazz, comme à Los Angeles, ou de faire un album. La musique est une facette parmi d’autres.
Une facette du même métier ?
Chanter, c’est une autre façon de raconter une histoire. D’ailleurs, les bons interprètes sont généralement de bons acteurs. Il faut un talent de comédien pour que le public ait envie de croire au scénario. Or, certains chanteurs miment leur texte, plus qu’ils ne le vivent. Nous avons tous le don de voir avec les oreilles et d’entendre avec les yeux. Moi, je ne l’oublie pas. Cela étant dit, quand je monte sur scène, c’est d’abord pour m’amuser.