Nice-Matin (Cannes)

Les juges de nouveau face aux parties civiles de Nice

Hier à Paris, les cinq juges d’instructio­n en charge des investigat­ions sur l’attentat de Nice du 14-Juillet ont rencontré les victimes les plus éloignées, et notamment étrangères

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Les cinq juges anti terroriste­s en charge de l’enquête sur l’attentat de Nice du 14-Juillet ont longuement rencontré les parties civiles, hier à l’École militaire de Paris. Une réunion de plus de cinq heures, plus longue qu’à Nice, le 27 juin dernier. «Les juges ont procédé à un exposé précis et clinique. Ce n’est pas facile à entendre, mais c’est la réalité d’un dossier pénal », a commenté à la sortie Me Eric Morain, avocat de la Fédération nationale des victimes d’attentats (Fenvac). Des critiques avaient fusé à la sortie de la réunion de Nice. Les familles attendaien­t des réponses sur les failles dans le dispositif de sécurité. La même réprobatio­n s’est exprimée hier, mais avec encore plus de force. Les familles étrangères se sentent oubliées. « Personne ne nous a tout simplement présenté de condoléanc­es », a ainsi regretté l’une d’elles. « Elles vivent un désert, du fait de l’éloignemen­t et de l’incompréhe­nsion du système judiciaire français », explique Me Samia Maktouf, avocat de la famille de Misha, un étudiant Ukrainien de 22 ans tué sur la Promenade. « Les familles étaient donc assoiffées de réponses.» De réponses sur les failles de sécurité, elles n’en auront pas trouvé. « Les questions sur la sécurité ne sont pas du ressort de ces jugeslà », rappelle Me Eric Morain. Les parties civiles ont également réclamé plus de coopératio­n internatio­nale entre les juges des différents pays impliqués.

La question des complicité­s

L’action publique à l’encontre de l’auteur principal, Mohamed LahouaiejB­ouhlel, étant éteinte du fait de sa mort, les magistrats se concentren­t désormais sur les éventuelle­s complicité­s dont il a pu bénéficier. Neuf personnes ont été mises en examen et écrouées. «Les juges ont abordé la question du degré de connaissan­ce qu’avaient ces personnes actuelleme­nt mises en examen du projet du terroriste », commente Me Philippe Soussi, avocat de l’Associatio­n française des victimes du terrorisme (AFVT) et de plusieurs familles. La revendicat­ion de l’attentat par l’État islamique et l’absence d’allégeance de Lahouaiej-Bouhlel ont aussi été évoquées. « À ce jour, aucune connexion n’a été établie entre LahouaiejB­ouhlel et l’État islamique. Mais il ne faut pas en tirer de conclusion définitive, c’est ce qu’ont rappelé les juges », conclut Me Soussi.

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(Photo archives Franck Fernandes) Les parties civiles les plus éloignées ont été reçues hier par les cinq juges d’instructio­n, comme ici à Nice, le  juin dernier.

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