La réforme du Code du travail donnera « plus de liberté et de protection » selon Muriel Pénicaud
La ministre du Travail Muriel Pénicaud a assuré, hier, devant l’Assemblée nationale vouloir « donner plus de liberté et plus de protection » aux entreprises et aux salariés par la réforme du Code du travail par ordonnances, brocardant notamment la « complexité » actuelle. « Nous croyons dans le dialogue social au plus près du terrain, dans les branches et dans les entreprises », a lancé la ministre à l’ouverture des débats sur le projet de loi habilitant le gouvernement à légiférer par ordonnances pour « le renforcement du dialogue social ». « Les salariés sont des gens majeurs, responsables et informés », qui «peuvent discuter et établir aussi le détail des normes qui gèrent leur quotidien », a jugé cette ancienne DRH de grands groupes (Danone, Dassault Systèmes), sous des applaudissements des députés La République en marche ! venus nombreux. Les élus communistes et de La France insoumise (LFI) étaient presque tous présents. Dès l’ouverture de la séance, le PCF JeanPaul Lecoq a fait un « rappel au règlement » pour déplorer des conditions d’examen «inédites et inacceptables », des délais « complètement fous » ,etun « dédain du gouvernement à l’égard des travailleurs ».
« Un Code de la route par rue »
Le groupe LFI a défendu, en vain, une motion de rejet préalable pour «contester vivement la méthode» des ordonnances. Elles «rendront le pays encore plus malade qu’il ne l’est déjà» et «vous n’aurez pas notre blancseing pour jouer les apprentis sorciers», a lancé Adrien Quatennens. Et cet élu du Nord d’affirmer: la réforme proposée revient à « un Code de la route par rue» et «vous marchez à côté de l’Histoire ». « À qui profite le crime contre le Code du travail, sinon au Medef?», a-t-il encore demandé. Mais, selon Mme Pénicaud, «le chemin que nous proposons pour notre pays, pour les salariés, pour les entreprises, c’est de donner à la fois plus de liberté et plus de protection, en misant sur ce dialogue social et économique ambitieux». Invoquant les avancées au début du XIXe siècle pour encadrer le travail des enfants, les apports du Front populaire ou du Conseil national de la résistance (CNR), la ministre a assuré vouloir « prolonger l’histoire de notre modèle social». «Souvent, la complexité du Code du travail» est un handicap pour les entreprises, à qui il faut apporter «plus de souplesse, plus de liberté», a-t-elle plaidé. Le droit actuel est bâti sur «le modèle de l’emploi à vie dans la grande entreprise industrielle», alors que «ce sont davantage les TPE et les entreprises innovantes qui ont le potentiel de créer de l’emploi», selon elle. Il s’agit aussi de «donner plus de sens au travail luimême», qui est «porteur de sens et de lien social», a argumenté l’ancienne directrice générale de Business France.