Nice-Matin (Cannes)

L’image La pluie inonde le métro parisien Le bateau ivre

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Ce soir, se tiendra à Paris un bureau politique des Républicai­ns (LR) promis à être houleux. Il sera appelé à trancher entre les différente­s sensibilit­és qui s’affrontent désormais ouvertemen­t au sein du parti et pourrait sceller l’exclusion de quelques figures constructi­ves qui ont décidé de rejoindre ou soutenir Emmanuel Macron. Le député niçois Eric Ciotti se pose en partisan d’une ligne dure et clairement identifiab­le.

Qu’attendez-vous de ce bureau politique ?

J’en attends un moment de clarificat­ion. Notre défaite aux législativ­es a été amplifiée par le fait que certains élus LR ont choisi de soutenir En marche ! plutôt que Les Républicai­ns. Cette attitude déloyale, qui pour moi porte le nom de trahison, n’avait qu’un objectif, obtenir des postes et des places, au détriment de conviction­s. Aujourd’hui, ces personnes ne peuvent plus faire partie de notre famille politique. J’espère que la dignité les conduira à effectuer un choix clair. On ne peut pas être en même temps En marche ! et LR.

Et si ces personnes ne partent pas d’ellesmêmes, vous préconisez toujours leur exclusion ?

Je souhaite qu’elles-mêmes clarifient leur situation. On ne peut pas être membre du gouverneme­nt ou membre d’un autre groupe parlementa­ire que celui des Républicai­ns et rester en même temps adhérent LR. C’est un principe de bon sens. Nos électeurs ne supportent plus cette confusion. Les divergence­s idéologiqu­es sont-elles devenues plus fortes que les rancoeurs post-électorale­s ? Pour les personnes qui se sont rapprochée­s de Macron, les idées sont juste des variables d’ajustement de leurs ambitions.

Les Républicai­ns ne devraient-ils pas laisser le temps aux tensions de s’apaiser ?

Le bureau politique le dira. Les membres du gouverneme­nt et ceux Un cumul record de pluie a été enregistré à Paris dimanche soir avec  millimètre­s en une heure, l’équivalent de trois semaines de précipitat­ions moyennes en juillet dans la capitale, a indiqué Météo France hier. Plusieurs stations de métro à Paris ont été fermées dimanche soir après avoir été inondées. Une vingtaine de stations du métro parisien ont été touchées par des inondation­s à cause des fortes pluies qui se sont abattues brièvement sur la capitale entre  h et  h environ. L’ensemble du trafic est revenu à la normale et toutes les stations desservies et ouvertes au public hier en fin de matinée. qui ont obtenu des places, ont déjà choisi. Certains, comme Bruno Le Maire, ce qui a le mérite de la clarté, disent d’ailleurs qu’ils ne sont plus aux Républicai­ns et qu’ils sont En marche ! Le Premier ministre, lui, a présidé la convention politique d’En marche !, je ne le vois donc pas revendique­r de rester aux Républicai­ns. D’autres entretienn­ent volontaire­ment la confusion, parce qu’ils sont toujours en attente de places. Mais je vois aussi des députés UDI ayant adhéré au groupe des pseudo-constructi­fs qui ont envie de revenir vers nous. À ceux-là, il faut laisser un temps de réflexion.

Est-on en passe de revenir au vieux clivage UDF/RPR des années quatre-vingt ?

J’ai commencé à militer à  ans en adhérant au RPR. Ce modèle a eu beaucoup d’avantages. C’est parfois dans l’histoire qu’il faut puiser les ressources pour préparer l’avenir.

PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr Par CLAUDE WEILL Les défaites en politique viennent rarement seules. Comme les tsunamis, elles sont souvent suivies de répliques qui parachèven­t le travail de démolition. C’est cette défaite dans la défaite que connaissen­t aujourd’hui les grands partis de gouverneme­nt. On les croyait, ils se croyaient insubmersi­bles. Ce n’était que des fédération­s d’écuries rivales, dont le flou stratégiqu­e masquait les intérêts divergents; des syndicats d’élus, que seule la perspectiv­e de victoires à venir et de butins à partager (sièges, portefeuil­les et autres attributs du pouvoir) tenait groupés. Balayés par la vague Macron, qui a révélé leur vulnérabil­ité, le PS et Les Républicai­ns explosent sous nos yeux. Pathétique spectacle du Parti d’Épinay. Valls et Hamon partis, ne reste du rassemblem­ent des gauches façonné par Mitterrand qu’un parti résiduel. Un vaisseau fantôme, sans cap ni pilote. À défaut, il s’est doté d’une direction collégiale, pléthoriqu­e et provisoire. Seize membres – plus les membres de droit. On rêve. Comme si à bord du navire en détresse, tous les survivants se sentaient un peu capitaines… Par un curieux parallélis­me des effets, sinon des causes, Les Républicai­ns – pourtant « Situation ubuesque où l’on

moins mal voit le parti LR engager une lotis sur le

plan électoral procédure d’exclusion contre – subissent, un Premier ministre et trois eux aussi, de membres du gouverneme­nt

plein fouet issus de ses propres rangs. » le contrecoup de leur échec, d’autant plus cuisant qu’ils avaient cru la victoire assurée. Là, ce n’est pas le vaisseau fantôme: plutôt le bateau ivre. Situation ubuesque où l’on voit – cas à notre connaissan­ce inédit – le parti engager une procédure d’exclusion contre un Premier ministre et trois membres du gouverneme­nt issus de ses propres rangs. L’affaire est au menu du bureau politique d’aujourd’hui. Édouard Philippe et ses hommes n’y assisteron­t pas. Ils ont fait savoir qu’ils avaient mieux à faire. Également dans le viseur, Thierry Solère et Franck Riester, fondateurs du groupe des «Constructi­fs», hésitaient, eux, à se prêter à un procès politique que Christian Estrosi n’hésite pas à comparer aux purges des partis staliniens d’antan. Le moment promet d’être pittoresqu­e. Entre Shakespear­e et Clochemerl­e. Moment où le grand parti des droites, héritier du gaullisme et du giscardism­e, continuate­ur de l’UMP qui se voulait maison commune des droites républicai­nes, croit pouvoir résoudre par des mesures disciplina­ires un problème d’une autre nature et d’une toute autre gravité: les figures tutélaires ayant peu ou prou disparu des radars, la bataille pour le contrôle de l’appareil et la définition de la stratégie est ouverte. Elle sera sans pitié. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement la conduite à tenir face au phénomène Macron – sujet qui a déjà provoqué la cassure du groupe parlementa­ire, et préfigure la création d’un nouveau parti réunissant les «Macron-compatible­s» de l’UDI et de LR. C’est, au-delà, la capacité de faire cohabiter sous le même toit des gens qui, comme le dit crûment Xavier Bertrand, «n’ont peut-être plus grand-chose à faire ensemble». D’un côté, les tenants de la ligne modérée portée, avec des nuances, par les Raffarin, Bertrand, Pécresse, Estrosi et autres; de l’autre, la droite radicale et identitair­e, proche de Sens commun et des idées d’un Patrick Buisson, désormais incarnée par Laurent Wauquiez, que ses adversaire­s soupçonnen­t de vouloir pactiser avec l’extrême droite. Le fringant président de la région Auvergne-Rhône-Alpes n’est pas encore officielle­ment candidat à la présidence de LR. Mais face à une opposition qui cherche encore sa figure de proue, il fait déjà figure de favori. Et beaucoup font savoir (combativit­é ou défaitisme?) que l’installati­on de l’homme au parka rouge dans le fauteuil de Sarkozy signerait leur départ des Républicai­ns. Guerre des droites, le retour? Comparé au coup de vent qui agiterait alors la droite française, le «procès Philippe, Solère et autres» d’aujourd’hui pourrait bien apparaître bientôt comme un simple clapotis. Ou un signe avant-coureur.

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(Photo F. Bouton) Eric Ciotti réclame une clarificat­ion.

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