Un an après le putsch manqué la Turquie transformée
La Turquie commémore cette semaine la tentative de coup d’État du 15 juillet dernier visant à renverser le président Recep Tayyip Erdogan, dont la vigoureuse riposte a bouleversé la situation politique, sociale et diplomatique du pays. Depuis un an, le gouvernement mène une purge d’une ampleur inégalée dans l’histoire moderne du pays, traquant inlassablement les sympathisants présumés du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau du putsch manqué, ce que l’intéressé dément depuis les États-Unis où il vit en exil. Loin d’être affaibli, M. Erdogan se dresse plus fort que jamais et ses détracteurs l’accusent de profiter de l’état d’urgence en vigueur depuis le coup de force pour asphyxier toute forme d’opposition. L’armée, auteur de plusieurs putschs dans l’histoire de la Turquie, a été reprise en main, et une révision constitutionnelle controversée permet en théorie à M. Erdogan de rester au pouvoir jusqu’en 2029.
« Reformatage de l’État »
Le putsch avorté a également eu des retombées importantes sur les relations diplomatiques de la Turquie, pays candidat à l’Union européenne et membre de l’Otan, dont les relations avec l’Occident se sont fortement tendues depuis un an. «L’impact du putsch manqué a été considérable», remarque Jean Marcou, chercheur associé à l’Institut français d’études anatoliennes, soulignant que le coup de force avait été suivi d’un «véritable reformatage de l’État» avec «des purges systématiques et radicales». Des événements seront organisés à travers le pays dès aujourd’hui pour rendre hommage aux quelque 250 «martyrs» du putsch qui font aujourd’hui l’objet d’un véritable culte. Les principales manifestations sont prévues à Ankara et Istanbul. M. Erdogan doit prononcer un discours devant le Parlement dans la nuit de samedi à dimanche à 1h32 (heure de Paris), à l’heure précise où l’Assemblée nationale a été bombardée par les putschistes. Mais un an après le putsch, des questions se posent toujours sur l’identité exacte des putschistes et sur le film des événements, et Ankara semble peiner à imposer sa version aux capitales occidentales.