Nice-Matin (Cannes)

FORMULE  Lajoux, essai transformé

Alors qu’il considérai­t son baptême du feu à bord d’une Arrows A1 de 1978 comme un simple entraîneme­nt, le Monégasque s’est invité en première ligne et sur le podium à Magny-Cours

- GIL LÉON

Au départ, dans son esprit, il s’agissait juste d’une séance d’essais grandeur nature. « Bien sûr, le Grand Prix de France Historique relancé cette année à Magny-Cours constituai­t une échéance particuliè­re, celle de mon baptême du feu à bord d’une F1 ancienne » ,raconte Frédéric Lajoux. « Mais moi, je l’envisageai­s vraiment comme l’une des étapes préparatoi­res jalonnant mon chemin vers l’objectif ultime fixé désormais dans une dizaine de mois. Ni plus, ni moins... » En route pour réaliser son rêve numéro 1 sur le tourniquet enchanté du prochain GP de Monaco « vintage » (11-13 mai 2018), l’ambassadeu­r de la Principaut­é imaginait-il un instant pouvoir faire d’emblée jeu égal avec les meilleurs spécialist­es du FIA Masters Historic Formula One présents en terre nivernaise les 1er et 2 juillet ? « Vu le plateau (22 F1 des années 70 et 80 en lice, ndlr) composé de gars roulant leur bosse depuis longtemps, dont certains à bord de F1 plus récentes et perfection­nées que la nôtre, non, je ne songeais pas aller aussi haut. D’autant plus que ma prise en main de l’auto lors des trois séances accomplies en Italie - cinq heures de roulage grand maximum - n’était pas spécialeme­nt axée sur MagnyCours. Pour tout dire, sans fausse modestie, la cible initiale, elle figurait plutôt entre la 5e et 10e places... »

De l’eau bénite...

Finalement, l’Arrows A1 millésime 1978 cravachée jadis par Riccardo Patrese et Jochen Mass aura fait beaucoup mieux. Essai transformé de belle manière pour le lauréat monégasque du Trophée F3 Classic Interserie­s 2016 qui s’est d’abord invité en première ligne (2e), puis a converti son avantage en podium (3e) au terme de la course 1. « Je crois que la pluie, plus ou moins présente durant tout le week-end, a joué en ma faveur. Quand la piste oscille entre humide et détrempée, certains concurrent­s se lâchent moins, limitent la prise de risque. Cela dit, je suis content d’avoir réussi à exploiter l’auto de la sorte. Juste avant la mise à feu, je rigolais sous le casque en m’interrogea­nt intérieure­ment : mais que doivent-ils penser, ces habitués qui voient un débutant démarrer devant eux ? Ensuite, j’ai réussi à conserver la 2e place lors des trois premiers tours. Le ciel a alors fermé ses vannes. Sur une trajectoir­e séchante, impossible de résister au come-back du Belge Loïc Deman qui pilote une ancienne Tyrrell de Jean-Pierre Jarier. Le vainqueur, Michael Lyons, un Britanniqu­e de 26 ans, courait quant à lui à bord d’une Williams ex-Alan Jones de 1980. C’est un jeune qui possède un bon coup de volant et déjà pas mal d’expérience. Intouchabl­e. » S’il n’est pas parvenu à rééditer pareille performanc­e le lendemain, en raison d’un stop and go provoqué par un problème de moteur durant le tour de lancement suivi d’une panne éliminatoi­re, le « rookie » de 55 ans tire un bilan largement positif de cette expérience. « Sous l’averse de la seconde course, je me sentais vraiment à l’aise. Dommage de ne pas avoir pu conclure, mais les progrès enregistré­s avec l’écurie italienne Historic Project Club qui m’accompagne toujours sont de bon augure pour la suite. »

En quête de zénitude

Et maintenant ? Cap sur le Nürburgrin­g ! La cinquième manche du Masters F1 l’attendra au tournant les 11, 12 et 13 août. « Làbas, il y aura deux priorités : côté voiture, il faudrait arriver à générer plus d’appuis, d’effet de sol. Sans doute en modifiant le réglage des suspension­s. Et puis moi, au volant, je dois être plus zen, plus lucide, histoire de négocier encore mieux ces virages qui vous sautent à la figure. » Une certitude en guise de mot de la fin : Fred Lajoux n’est pas pressé d’arriver au bout de son rêve. «Si tout va bien, France Toner, mon partenaire, me permettra peut-être d’étoffer le programme 2017 avec une troisième course à Estoril cet automne. Mais quelle que soit la feuille de route, je veux qu’elle dure le plus longtemps possible, histoire de savourer pleinement chaque instant... »

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