Faut-il interdire la nage avec les dauphins sauvages ?
Les défenseurs des animaux lancent une pétition réclamant l’arrêt des sorties en mer, avec nage près des cétacés, proposées par certains opérateurs. Ces derniers se défendent
En ce début de saison estivale, les opérateurs touristiques proposant des sorties de nage avec les cétacés sauvages connaissent un véritable succès en Méditerranée française. Cette offre touristique met les défenseurs de la faune en colère. « Cette activité, actuellement pratiquée par au moins cinq opérateurs, implique un rapprochement étroit avec les mammifères marins et peut se révéler dangereuse pour les pratiquants comme pour les animaux », estiment les responsables de plusieurs associations, tels que France Nature Environnement, le Groupe de Recherche sur les Cétacés, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Souffleurs d’Écume et SOS Grand Bleu.
Des prédateurs, pas des peluches
Ensemble, ils veulent attirer l’attention de la clientèle sur les dangers de cette pratique commerciale et lancent une pétition
(1) pour la faire interdire. « L’activité de whale watching (observation des baleines, NDLR) n’est pas néfaste si elle est bien gérée, avec des codes d’approche stricts et un message d’éducation à l’environnement et de sensibilisation à la protection des animaux. Elle est même désirable »,
explique le Brignolais Pascal Mayol, ex-directeur des Souffleurs d’écume, aujourd’hui expert associé à la Fondation pour la nature et l’homme. Mais selon lui et d’autres défenseurs de la cause animale, « la nage avec les dauphins sauvages est un grave agent de perturbation de l’écosystème. Elle n’est en outre pas sans danger. Même si aucun accident n’a eu lieu en Méditerranée, ces animaux sont des prédateurs marins, pas des peluches. Dans les safaris, les organisateurs ne proposent pas de descendre des véhicules pour s’approcher des lions… »
Repérage par avion à basse altitude
Il veut surtout mettre en évidence deux choses : le respect des animaux et la contrainte sur les acteurs vertueux, titulaires du label high quality (lire ci-dessous). « Les opérateurs commerciaux utilisent des avions à basse altitude pour repérer les groupes de dauphins, baleines, cachalots et autres globicéphales, permettant ainsi aux bateaux de les trouver rapidement, souligne-t-il. Or, ces animaux ont besoin de longues périodes de repos en surface pour leurs activités vitales. Lorsque vous systématisez la nage commerciale, vous interagissez avec ces activités et les perturbez. » En outre, pour gérer le whale watching, « on a mis en place un label high quality, label d’État qui permet de s’impliquer dans une démarche de développement durable. Les opérateurs qui pratiquent ainsi font un gros effort. Ils restent à des distances raisonnables des espèces, sensibilisent vraiment le public. Mais ils sont sous la pression des autres qui ne respectent pas ces règles du jeu ». Et de regretter : « Le problème, c’est l’absence de réglementation ». Au niveau juridique en effet, un arrêté datant de 2011 interdit « la
perturbation intentionnelle incluant la poursuite ou le harcèlement des animaux dans le milieu naturel ». Cependant, les sanctions sont peu dissuasives et, dans les faits, aucun opérateur n’a encore jamais été condamné. « Il faut du personnel de l’État pour surveiller, contrôler, ajoute Pascal Mayol, mais surtout une loi pour interdire la nage commerciale. » Les chefs d’entreprises proposant ce genre d’activités se défendent, eux, de nuire aux cétacés (lire ci-dessous).