Bardet hausse le ton
Le Français, vainqueur hier à Peyragudes, s’est affirmé dans la course au podium, au terme d’une étape où Froome a abandonné le maillot jaune à Aru
Romain Bardet en vainqueur, Fabio Aru en jaune, Chris Froome en légère difficulté : l’arrivée de la 12e étape du Tour a redistribué les cartes, hier, à l’altiport de Peyragudes. Là où l’attaque de Froome, vainqueur sortant et maillot jaune en début d’étape, était attendue, ses adversaires l’ont devancé tout en haut de la très raide piste de 400 m. Le grand favori de cette édition a calé dans les 300 derniers mètres et a perdu une vingtaine de secondes sur ses rivaux directs. Assez pour délaisser son maillot jaune au profit du champion d’Italie. Dans cette arrivée spectaculaire, Bardet s’est montré le plus fort. L’Auvergnat de l’équipe AG2R a remporté une brillante victoire, sa 3e dans le Tour après Saint-Jean-de-Maurienne en 2014 et Saint-Gervais Mont-Blanc en 2016. Au classement général de ce Tour, complètement relancé, Aru précède désormais Froome de 6 secondes et Bardet de 25 secondes. Mais le Colombien Rigoberto Uran, 4e, n’est qu’à 55 secondes, bien qu’il ait écopé d’une pénalité de 20 secondes pour un ravitaillement non autorisé. En revanche, Nairo Quintana, en difficulté dès les premières pentes de Peyresourde, a lâché prise. Le Colombien (2e en 2013 et 2015, 3e en 2016) pointe désormais à plus de quatre minutes au général. L’Espagnol Alberto Contador, autre habitué du podium, est encore plus loin. Le recul imprévu de Froome a conclu une première journée pyrénéenne complètement contrôlée par son équipe Sky pour le malheur du Britannique Stephen Cummings, échappé de loin mais repris dans l’avant-dernière ascension (Peyresourde). Froome comptait encore deux coéquipiers, les Espagnols Nieve et Landa, dans le groupe de dix coureurs qui s’est présenté au pied de la rampe menant à l’arrivée.
Cadeau empoissonné pour Aru ?
« Je connaissais bien l’étape, je l’ai reconnue ce printemps. J’ai vu que Froome se retournait beaucoup dans le final, je me suis douté qu’il n’était pas au mieux », a commenté Bardet à propos du Britannique. De fait, le vainqueur sortant a dû laisser partir ses rivaux directs en haut de la piste de Peyragudes. Il s’est classé 7e de l’étape, à 22 secondes du Français, son dauphin l’an passé sur le podium des Champs-Elysées. Froome n’a pas pour autant baissé pavillon rappelant qu’ « il reste encore beaucoup d’étapes ». D’autant que le maillot jaune pourrait être pour Aru un cadeau empoisonné. Le champion d’Italie, qui revêt pour la première fois la tunique de leader dans le Tour, dispose en effet d’une équipe affaiblie par une chute survenue mercredi (Cataldo a abandonné et Fuglsang, blessé à un poignet, a lâché prise hier sur les pentes du port de Balès). Aru, qui participe pour la deuxième fois à la Grande Boucle (13e en 2016), a déjà gagné un grand tour dans sa carrière (Vuelta 2015). Comme Bardet, le Sarde est issu de la classe 1990. Une date de naissance qui pourrait s’avérer porte-bonheur sur ce Tour.