Nice-Matin (Cannes)

Archéologi­e : « De belles surprises restent à sortir en France »

L’Hôtel des Ventes de Monte-Carlo organise des enchères autour de l’archéologi­e le 23 juillet. L’occasion d’en apprendre plus sur cet univers méconnu avec Bianca Massard, experte de la vente

- LAURENCE GUIDICELLI

Comment se porte le marché de l’archéologi­e en France ? C’est un marché présent depuis très longtemps. De manière générale, on est sur des cotations plutôt stables ce qui est assez rassurant pour les collection­neurs. L’Archéologi­e ne connaît pas les effets de spéculatio­n que l’on retrouve sur les départemen­ts des tableaux modernes ou contempora­ins. Cela étant, la raréfactio­n des collection­s d’une part, et la réglementa­tion de plus en plus stricte de ce Lécythe à figures rouges. Vase grec en terre cuite vernissée noire signé Karmides, - av. J.-C. Estimation :   -   € secteur, amènent le marché à devenir plus intéressan­t au niveau des prix. Avec tout le trafic qu’il y a eu, on fait en effet aujourd’hui très attention à la provenance des pièces. Avoir un gage d’authentici­té augmente la valeur des objets et devient un point primordial des ventes. Or, ce n’était pas dans les habitudes des gens autrefois de garder des traces d’achat de leurs biens. Donc, c’est devenu plus compliqué de trouver des lots. Que trouve-t-on le plus dans les salles de ventes ? L’archéologi­e couvre une vaste période, depuis l’invention de l’écriture vers 2900 avant J.-C, jusqu’au IVe-Ve siècle après J.-C. Ce que l’on retrouve le plus dans les ventes en France, c’est l’archéologi­e égyptienne -de la fin du Nouvel Empire jusqu’à l’époque romaine- le Proche et le MoyenOrien­t, et tout le monde étrusco et gréco-romain. La France est un véritable grenier en matière d’archéologi­e. Il y a énormément de collection­s qui se sont constituée­s depuis les campagnes napoléonie­nnes et autour de « l’égyptomani­a » à l’époque néoclassiq­ue. De belles surprises restent à sortir. Quels sont les records enregistré­s dans ce secteur ? Plus c’est ancien, plus c’est recherché. Certains lots peuvent atteindre le million d’euros voire plus. Généraleme­nt, il s’agit de grandes sculptures spectacula­ires ou de portraits d’empereurs romains en marbre, les portraits Julio-Claudiens par exemple, qui dépassent la centaine de milliers d’euros. Idem du côté égyptien, avec des sculptures, des portraits ou des bustes de reines, de pharaons et de dieux. Les pièces égyptienne­s en granodiori­te ou en stéatite, des pierres extrêmemen­t luxueuses autrefois réservées aux oeuvres d’art destinées aux personnage­s royaux ou à leur entourage, ont une très grande valeur aujourd’hui. Tout comme les belles pièces de l’Ancien Empire (ndlr : 2700 à 2200 art J.-C.), qui font des scores extraordin­aires. A travers le monde, les arts précolombi­en et primitif ont eux aussi enregistré des records de vente. Qui sont les acheteurs ? C’est vraiment très internatio­nal. Les Français sont collection­neurs. Mais les acheteurs viennent aussi d’Europe, des États-Unis, du Canada, de Chine. Après, vous avez aussi le phénomène d’objet culturel. Les Égyptiens vont acheter de l’art égyptien, les Grecs des pièces gréco-romaines… Cela fait partie de leur patrimoine, ils veulent s’en réappropri­er une partie. Sinon, les objets archéologi­ques plaisent aussi bien aux collection­neurs d’archéologi­e qu’aux décorateur­s d’intérieur ou aux personnes aimant avoir de belles pièces chez eux. L’Hôtel des ventes de Monte-Carlo organise des enchères autour de l’archéologi­e ce 23 juillet au Yacht Club de Monaco. Quels en sont les lots phares ? Nous avons 94 lots en tout, couvrant une période allant de l’époque sumérienne, au IIe millénaire avant J.-C. et jusqu’au XIXe siècle, avec deux sphinges en marbre dans le goût de l’antique. Parmi les pièces phares, nous proposons une mosaïque grécoromai­ne du dieu Océan, un des dieux primitifs de la mythologie grecque. En noir et blanc, elle fait sept mètres de long, répartis en 15 panneaux. Elle est datée aux environs de 150 après J.-C. et estimée entre 250 000 et 300 000 euros. Nous présentons aussi un très beau torse d’amazone en marbre romain, avec un drapé magnifique (50 000 - 60 000 euros), un lécyte (vase en céramique) à figures rouges du Ve siècle avant J.-C. signé de son auteur, et une très belle anse étrusque en bronze dite de Kouros, daté de la fin du VIe siècle avant J.-C dans un état de conservati­on extraordin­aire. Pour info, nous préparons aussi une très belle vente d’archéologi­e pour la fin de l’année, qui réunira plusieurs collection­s privées.

 ??  ?? Mosaïque du dieu Océan. Art romain, bichrome, - après J.-C., composée de  compartime­nts. Estimation   -   € © Hôtel des Ventes Monte Carlo
Mosaïque du dieu Océan. Art romain, bichrome, - après J.-C., composée de  compartime­nts. Estimation   -   € © Hôtel des Ventes Monte Carlo
 ??  ?? Torse d’Amazone. Marbre blanc, art romain, Ier siècle av. J.-C. Le sein droit découvert, son sein gauche à peine marqué rappelle le rituel des Amazones qui se coupaient le sein pour faciliter le maniement de l’arc. Estimation :   -   €
Torse d’Amazone. Marbre blanc, art romain, Ier siècle av. J.-C. Le sein droit découvert, son sein gauche à peine marqué rappelle le rituel des Amazones qui se coupaient le sein pour faciliter le maniement de l’arc. Estimation :   -   €
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