Nice-Matin (Cannes)

Marcheurs de l’Himalaya : les coulisses de l’exploit

Ils ont porté sur le toit du monde 86 galets au nom des victimes du 14-Juillet. Mais l’aventure indienne n’est pas finie pour Noël Smara et son équipe. Place aux missions humanitair­es

- C. C.

mus, éprouvés, mais fiers de la «mission accomplie». Tel est l’état d’esprit des seize marcheurs partis de Nice pour l’Inde, où ils ont déposé 86 galets sur le toit du monde, à 6 153 m d’altitude sur le Stok Kangri, en mémoire des victimes de l’attentat de Nice. Un petit film de leur exploit avait été projeté sur la coulée verte à Nice, lors de la journée d’hommage, vendredi dernier. Une partie du groupe est rentrée depuis, une autre poursuit l’aventure en Inde. L’ambulancie­r niçois Noël Smara, fondateur de l’associatio­n « Exploits sans frontières », est à l’origine de ce défi humain autant que sportif, qui a reçu le soutien moral de « Promenade des Anges-14 juillet 2016 ». À cause de la perte de son téléphone et de la rareté du réseau durant son voyage, il n’a que rarement communiqué ces dernières semaines. Il nous a récemment fait parvenir ce long debrief.

L’ascension finale

«Nous avons réussi l’ascension et déposé les galets au sommet du Stok Kangri. Le groupe est resté soudé jusqu’au bout. Nous avons eu trois abandons sur la montée du glacier, qui fut très éprouvante. Le manque d’oxygène et le mal des montagnes nous ont frappés dès le début du glacier, d’où les premiers abandons. »

Émotion au sommet

« Beaucoup d’émotion à la dépose des galets: des photos, des larmes, une émotion intense mêlée de peine et de fatigue. Mais surtout le sentiment d’unité et de volonté de rester debout, droit face à l’adversité. Un grand bravo à nos deux jeunes étudiants : Vincent, 16 ans, originaire de Grenoble, et Maxime, 20 ans, originaire de la Chapelle-Saint-Ursin à Bourges. La redescente a été tout aussi dure que la montée. Au total, plus de 18 heures de marche.»

La suite du voyage

« Nous sommes rentrés à Leh le lendemain, sans prendre le temps de nous reposer, et avons enchaîné directemen­t sur notre mission humanitair­e à Dah. Un village très proche de la zone interdite, en raison de conflits avec le Pakistan, dans le Cachemire. Sept heures de bus sur des routes parfois effrayante­s, plus ou moins praticable­s, longeant l’Indus qui cause régulièrem­ent des dégâts aux villages et chemins sur ses rives. Dans le bus, dents serrées et pas un mot, dans une ambiance tendue. Mais arrivée sains et saufs !»

Mission humanitair­e

« Là-bas, accueil mouvementé des villageois et de leurs enfants, avec distributi­on de photos de l’année précédente, sous le regard des femmes-fleurs. Ensuite, au boulot pour la création d’un cinéma extérieur avec groupe électrogèn­e. Et installati­on d’un écran géant entre deux arbres pour la projection de nos aventures et visites précédente­s. Les habitants ont pu se reconnaîtr­e, avec beaucoup d’émotions, de joies et de rires. Pour clôturer cette soirée, les enfants nous ont fait profiter de chants et de danses ladakis. »

L’aide aux écoliers

«Le lendemain, nous avons visité l’école que nous soutenons depuis cinq ans, et distribué du matériel scolaire. Nous avons été conviés à la dégustatio­n de produits locaux : thé au beurre, abricots secs… Et encore quelques danses et des remercieme­nts. Ils solliciten­t notre retour l’an prochain pour continuer à les soutenir, afin d’améliorer les conditions d’études de leurs enfants et de leur établissem­ent scolaire qui, malheureus­ement, est dans un état difficile. »

Repos, puis retour

« Retour à Leh. Maintenant, le temps du repos est venu pour nous tous. Une partie de notre équipe est repartie pour la France. Nous autres, restés sur place, visitons en 4x4 des lacs d’eau douce et d’eau salée à très haute altitude. Puis, nous visitons la vallée de la Nubra, par la route la plus haute du monde, que j’avais parcourue à Velo Bleu en 2012. Enfin, nous profitons de ce pays fait de grandeur, de silence et de prières. Notre retour est prévu le 28 juillet à 14 heures. »

 ?? (Photos Maxime Raymond) ?? Après le Stok Kangri, les marcheurs solidaires poursuiven­t leur périple indien.
(Photos Maxime Raymond) Après le Stok Kangri, les marcheurs solidaires poursuiven­t leur périple indien.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France