Nice-Matin (Cannes)

L’honnêteté résonne…

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Lumière intérieure. Il ne faut pas chercher bien loin, Anoushka Shankar irradie de ce qu’elle offre à son public : de la sincérité. Présente aux côtés de Kandace Springs (lire ci-dessous ) et Jamie Cullum pour l’avant-dernier concert de Jazz à Juan, samedi soir, la talentueus­e musicienne a laissé planer l’éternité. Sitar en main, il n’est pas question de « fille de… ». Trop facile d’évoquer l’ascendance qu’on lui colle depuis ses premiers pas musicaux, il y a déjà 28 ans.

La pinède est un lieu spécial ?

Hmmmm… Je pense que tous les festivals d’été ont un petit côté spécial. C’est vraiment différent de ce que l’on fait le reste de l’année. Et c’est si beau d’être ici. Il y a des ondes positives, les gens se laissent aller…

Comment vous sentez-vous sur scène ?

Dans un bon jour, quand tout va bien, il n’y a rien de plus fantastiqu­e au monde. Je me sens concentrée sur l’instant. C’est une sorte de moment de méditation ancré dans le présent. C’est juste magique. Faire de la musique, être sur scène : c’est cela.

Quelle est votre relation

avec votre instrument ?

On est de plus en plus proches au fil du temps. Le sitar devient davantage comme mon ami, mon bébé. C’est aussi mon moyen d’expression, ma voix.

Votre nouvel album se nomme Land of Gold : comment peut-on atteindre cet Eldorado ?

Oh![ Sourire] Il s’agit d’un changement à réaliser. Quand on est ici même à discuter, on peut se dire que le Land of Gold représente ce que l’on désire dans le sens matériel du terme : « Oh oui je veux cela, je veux ceci. » Des grands rêves en fait ! Mais pour quelqu’un qui est assis dans un camp de réfugié, il pense plutôt à : « Je veux que mes enfants soient en sécurité, je veux rester en vie. »

Des considérat­ions bien différente­s…

Si l’on savait donner une fraction de ce que l’on possède, on pourrait changer l’avenir de chacun.

Il s’agit de la terre de l’espoir : Land of Hope !

Exactement. Quelque chose que l’on peut tous partager. Les aficionado­s de la virtuose l’ont déjà remarqué : quand Anoushka Shankar parle musique, elle évoque la notion d’honnêteté. Mais que cela signifie-t-il ? « Quand je dis cela, je veux donner un nom à ma vérité intérieure. On a tous quelque chose que l’on peut donner au monde et que n’importe qui d’autre ne peut offrir. Nous avons chacun cette petite chose spéciale. Cela peut être vraiment varié ! On détient tous quelque chose qui est voué à être donné. Quand vous trouvez ce que c’est, que vous le partagez, c’est beau. Surtout que si vous ne le faites pas, c’est quelque chose qui est perdu! C’est important de savoir ce que c’est pour que les choses prennent du sens. Pour moi, il s’agit de composer, de jouer ma musique. Je peux en faire de plusieurs façons différente­s : parfois je teste et cela donne des choses vraiment inaudibles, vraiment mauvaises, nulles ! [Sourire] Par contre, quand je suis vraiment connectée à moimême, quand je suis pleinement présente, c’est là où je joue honnêtemen­t. Quand je trouve ma propre voix, celle qui vient de mon moi

intérieur. »

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? La virtuose du sitar a livré une prestation envoûtante, avant-hier, dans la Pinède-Gould.
(Photo Sébastien Botella) La virtuose du sitar a livré une prestation envoûtante, avant-hier, dans la Pinède-Gould.

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