Rudy sublime l’univers de Chagall à Cannes
C’est un programme original qui a conclu les 42e Nuits du Suquet hier soir à Cannes, conçues artistiquement depuis cette année par Misha Katz. Le pianiste Mikhaïl Rudy a éclairé de sa virtuosité, de sa sensibilité, et de la poésie de son jeu, l’univers pictural foisonnant de Marc Chagall, dont il tire une inspiration profonde. D’abord une première partie russe purement et intensément musicale, de Tchaïkovski à Prokofiev et Stravinski. Ensuite une deuxième dans laquelle l’interprète a joué sur les images d’un film qu’il a lui-même réalisé et qui lui a été inspiré par le plafond de l’Opéra de Paris peint par Marc Chagall. Le public fut sous le charme de ces pièces de Gluck, Mozart, Wagner-Liszt, Debussy ou Ravel, correspondant aux différentes scènes immortalisées et d’autant plus émouvantes qu’elles étaient celles qu’écoutait Chagall alors même qu’il était en plein acte de création des esquisses puis de la version finale de ce somptueux chef-d’oeuvre. C’est avec toute sa passion et sa créativité que Mikhaïl Rudy a engagé, tout au long de la soirée, ce dialogue intime et poétique entre peinture et musique qui lui tient tant à coeur. Cette approche artistique originale a enthousiasmé les spectateurs, les couleurs et les sons de la nuit cannoise, se mariant intimement sur les murs de NotreDame-de-l’Espérance, avec celles animées et vivantes des oeuvres de Chagall que les sonorités du Steinway de concert ont contribué à exalter sous les doigts de Mikhaïl Rudy. Comme un immense hommage à la puissance créatrice du peintre et un hymne à l’universalité des arts.