Nice-Matin (Cannes)

Rudy sublime l’univers de Chagall à Cannes

- PHILIPPE DEPETRIS

C’est un programme original qui a conclu les 42e Nuits du Suquet hier soir à Cannes, conçues artistique­ment depuis cette année par Misha Katz. Le pianiste Mikhaïl Rudy a éclairé de sa virtuosité, de sa sensibilit­é, et de la poésie de son jeu, l’univers pictural foisonnant de Marc Chagall, dont il tire une inspiratio­n profonde. D’abord une première partie russe purement et intensémen­t musicale, de Tchaïkovsk­i à Prokofiev et Stravinski. Ensuite une deuxième dans laquelle l’interprète a joué sur les images d’un film qu’il a lui-même réalisé et qui lui a été inspiré par le plafond de l’Opéra de Paris peint par Marc Chagall. Le public fut sous le charme de ces pièces de Gluck, Mozart, Wagner-Liszt, Debussy ou Ravel, correspond­ant aux différente­s scènes immortalis­ées et d’autant plus émouvantes qu’elles étaient celles qu’écoutait Chagall alors même qu’il était en plein acte de création des esquisses puis de la version finale de ce somptueux chef-d’oeuvre. C’est avec toute sa passion et sa créativité que Mikhaïl Rudy a engagé, tout au long de la soirée, ce dialogue intime et poétique entre peinture et musique qui lui tient tant à coeur. Cette approche artistique originale a enthousias­mé les spectateur­s, les couleurs et les sons de la nuit cannoise, se mariant intimement sur les murs de NotreDame-de-l’Espérance, avec celles animées et vivantes des oeuvres de Chagall que les sonorités du Steinway de concert ont contribué à exalter sous les doigts de Mikhaïl Rudy. Comme un immense hommage à la puissance créatrice du peintre et un hymne à l’universali­té des arts.

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