Nice-Matin (Cannes)

Ordonnance­s sur le code du travail: le Sénat s’apprête à durcir le texte

Indemnités prud’homales, fusion des instances représenta­tives du personnel, procédures de licencieme­nt, ce sont, entre autres, les thèmes qui seront examinés jusqu’à jeudi par les parlementa­ires

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Le Sénat à majorité de droite examine d’aujourd’hui à jeudi le projet de loi autorisant l’exécutif à légiférer par ordonnance­s sur la réforme controvers­ée du droit du travail, qu’il devrait durcir à la demande de sa commission des Affaires sociales. Premier gros chantier du quinquenna­t, le texte a été approuvé en première lecture par les députés le 13 juillet. Il fera ensuite l’objet d’une commission mixte paritaire chargée de trouver un accord entre députés et sénateurs. Les conclusion­s de cette commission devraient être examinées à l’Assemblée le 1er août, et au Sénat le 3. Alors que la concertati­on se poursuit avec syndicats et patronat, ce texte définit les contours des futures ordonnance­s.

Le rôle accru de l’accord d’entreprise

Parmi les points les plus controvers­és, le plafonneme­nt des indemnités prud’homales, la fusion des instances représenta­tives du personnel, le rôle accru de l’accord d’entreprise ou encore la modificati­on du compte pénibilité. Le contenu des ordonnance­s sera présenté fin août aux partenaire­s sociaux pour une ratificati­on soumise à l’automne au Parlement. Une journée de mobilisati­on est prévue le 12 septembre à l’appel de la CGT. Sur propositio­n de son président Alain Milon (LR), la commission a adopté 31 amendement­s qui répondent à trois objectifs majeurs : développer la compétitiv­ité et l’attractivi­té, tenir compte des spécificit­és des petites entreprise­s et rationalis­er le droit du travail.

« Libérer les employeurs et asservir les salariés »

Les sénateurs socialiste­s sont hostiles à ces amendement­s, de la même manière que ceux du groupe communiste, républicai­n et citoyen (CRC) qui ont aussitôt accusé la majorité sénatorial­e d’« apporter son soutien à la casse du Code du travail par ordonnance­s », « dans la logique de la loi El Khomry ». Pour eux, « il s’agit de libérer les employeurs mais d’asservir les salariés, en refusant notamment de prendre en compte le lien de subordinat­ion entre les deux protagonis­tes ». « Sous le prétexte de création d’emplois, c’est la flexibilit­é à outrance et la généralisa­tion de la précarité », ajoutent-ils, tandis que « les droits des salariés sont réduits comme peau de chagrin sous couvert de modernisme ». Ils dénoncent aussi la suppressio­n de l’obligation des entreprise­s de moins de 50 salariés de négocier avec un salarié mandaté, l’organisati­on de référendum­s par les employeurs pour valider un projet d’accord sans passer par les syndicats, ou la suppressio­n des commission­s paritaires régionales interprofe­ssionnelle­s. La commission est revenue par ailleurs sur la dispositio­n adoptée par l’Assemblée qui réduisait de 3 ans à 18 mois le délai prévu pour la restructur­ation des branches.

Le personnel représenté par une instance unique

En ce qui concerne la simplifica­tion des instances de représenta­tion du personnel, elle propose que l’instance unique ait compétence en matière de négociatio­n des accords d’entreprise, sauf s’il en a été décidé autrement par accord majoritair­e. Au sujet de la sécurisati­on juridique des procédures de licencieme­nt, la commission a apporté plusieurs précisions notamment pour permettre à l’employeur de rectifier dans la lettre de licencieme­nt les irrégulari­tés de motivation et pour réduire au moins de moitié les délais de contestati­on d’un licencieme­nt économique. La commission s’est par ailleurs félicitée que le projet de loi reprenne « plusieurs propositio­ns défendues par le Sénat ces deux dernières années », comme la rationalis­ation des institutio­ns représenta­tives du personnel, l’harmonisat­ion juridique des accords de flexisécur­ité, la création du barème obligatoir­e prud’homal ou la simplifica­tion du compte personnel de prévention de la pénibilité. Mais M. Milon a aussi critiqué « la singularit­é » des conditions d’examen du texte. « Le Parlement doit se prononcer dans des délais resserrés sur des habilitati­ons touchant à près d’une quarantain­e d’aspects de la législatio­n du travail, (..) alors que les dispositio­ns qu’entend arrêter le gouverneme­nt par ordonnance­s demeurent dans l’ensemble encore floues », a-t-il dit.

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(Photo AFP) Durant quatre jours le Sénat va examiner le projet de loi sur la réforme du droit du travail.

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