Maraîchage: déjà un impact significatif
« La tomate résiste. Mais les salades ‘‘montent’’ et les blettes jaunissent ou ne poussent pas.» Antoine Cassard est maraîcher à Saint-Laurent, La Gaude et Saint-Jeannet, tandis que son frère est éleveur sur Bouyon. S’il n’a «pas trop de souci à cause de la sécheresse » en ce moment, Antoine en voit bien les premiers effets sur sa production, et celles des autres agriculteurs. «Les batavias blondes et les feuilles de chêne rouges, ça va encore. Ce sont les laitues qui souffrent le plus.» Elles sont deux fois plus hautes en tige, pour faire de la graine et pour se reproduire plus vite. Du coup, il y a trop de tige, qui est moins comestible, et les salades ne sont plus vendables. Côté blettes, il y a des vides sur le plastique noir. «Certaines ne poussent pas. Avec la sécheresse et l’arrosage, les semis n’arrivent pas à percer la croûte du sol. » «Mon voisin ne parvient pas à faire pousser de radis. Moi cette année, j’ai laissé tomber. La coriandre et les épinards aussi.»
Forages à recreuser Confronté à d’autres problèmes en même temps que la sécheresse, Antoine se désole de devoir vendre une partie de son outil de travail, c’est-à-dire des terres. Fils d’un pâtissier et d’une employée de compagnie aérienne, il s’était lancé avec succès dans l’agriculture il y a 25 ans alors qu’il était militaire et que rien ne semblait l’y prédisposer. Il a quatre enfants encore à charge. Mais la sécheresse de ces dernières années a aussi d’autres conséquences. «La nappe phréatique de la plaine du Var a baissé. Depuis 1994, sur les forages que j’ai sur mes dix terrains, j’ai déjà dû en recreuser deux plus profondément». Ce qui a un coût. Autre souci, le gibier, qui descend chercher l’eau dans la plaine. «Les sangliers, ça vous chavire un champ dans la nuit!». Du coup, Antoine a dû installer des clôtures électriques. Là aussi des frais, même si les chasseurs en financent une partie.