Gregory Lecoeur: la passion pour objectif!
De vendeur de balances, ce Niçois est devenu chasseur d’images sous-marines. De saisissants clichés qui lui ont valu d’être sacré « Photographe nature de l’année » ! Gros plan
Depuis sept ans, Grégory Lecoeur court le monde, surtout les océans, pour s’adonner à sa passion : la chasse photographique à 20 000 lieues sous les mers. Au fil de ses voyages lointains, ce Niçois de 39 ans a amassé quantité de clichés de rencontres insolites dans un monde subaquatique étonnant. Des images saisissantes de beauté, parfois cruelles, racontant la vie, la mort, sous l’eau, dans lesquelles il a imposé son style, sa signature : Greg de Nice. Et les premiers prix tombent. Ceux raflés lors de concours de photos sous-marines en France et à l’étranger, couronnés du titre de « Photographe nature de l’année 2016 » que lui a décerné le très prestigieux magazine américain National geographic.
« Le bonheur, c’est vivre ses rêves!»
Pourtant, Greg n’était pas destiné à plonger dans le grand bleu. Lui, son plan de carrière, c’était les balances électroniques ! « Celles que mon père commercialisait auprès des commerçants et grossistes niçois. C’est pour cela qu’après mon bac, j’ai passé un BTS de gestion, pour travailler à ses côtés et reprendre par la suite l’affaire familiale. » Ce qu’il a fait pendant des années, pour, une fois son père à la retraite, voler de ses propres ailes en créant sa société dans le Var. Toujours dans les balances électroniques. Soit des allers-retours incessants entre son entreprise et Nice « que je ne pouvais quitter. Ici, j’ai mes amis, mes repères, la mer, la montagne, la nature pour terrain de jeux. J’ai mis tout cela entre parenthèses pour bosser dur. Jusqu’à m’en asphyxier. » En quête de bouffées d’oxygène, de bulles de bonheur, il prend le large, se met à l’eau pour des plongées en bouteille. « Cela a été un choc ou plutôt une révélation. En Méditerranée, il y a de la vie ! Des dauphins, baleines, cachalots, rorquals que l’on peut croiser, avec un peu de chance, pas si loin des côtes. » Dans la foulée, Greg passe ses échelons de plongée, devient moniteur breveté, achète un caisson étanche pour prendre ses premières photos. Le déclic d’une passion qui allait le ferrer fermement comme un sar royal à l’hameçon ! « J’ai réalisé que le bonheur n’était pas de posséder un bel appartement, une belle voiture, mais de vivre ses rêves. » Alors, en 2010, Greg franchit le pas. Il vend sa société, sa voiture, met son appart’ en location, achète un aller simple pour les îles Galapagos (Équateur) et annonce le tout à son père. « Ses paroles, je les ai toujours en tête, raconte-t-il. Pour lui, c’était un suicide professionnel, du gâchis. Même réaction du côté de mes amis qui m’ont pris pour un fou. »
La « sardine run », le cliché qui fait mouche !
Greg tient bon, fait son sac et largue les amarres. Pour trois mois aux Galapagos, « le paradis pour les amoureux de la nature. C’est là où j’ai réalisé mes premiers clichés animaliers, avec en tête un seul objectif : vivre de mes photos. Mais pour les vendre auprès des magazines spécialisés, il fallait d’abord que je me frotte aux concours, pour me faire un nom. » Lancé dans sa quête de belles images, Greg parcourt le monde, propose ses services de moniteur de plongée pour financer ses billets d’avion. Les destinations s’enchaînent: Honduras, Mexique, Bahamas, Floride, les Caraïbes… Et les rencontres animalières aussi. Jusqu’à ce cliché pris en Afrique du Sud de la « sardine run ». «Une fois l’an, ces bancs de sardines, partis de l’Antarctique, se rassemblent au large de l’Afrique du Sud avant de transiter par le canal du Mozambique, décrypte-t-il. Cette concentration de poissons attire nombre de prédateurs : dauphins, requins, oiseaux qui se liguent entre eux pour chasser. » D’où cette image choc d’un chaos sous l’eau qui fait mouche, avec le titre de «Photographe nature de l’année 2016 ». Depuis, Greg de Nice multiplie les reportages pour les magazines spécialisés et les journaux dont Le Figaro. « Je suis comblé. Mes rêves sont devenus réalité. Mon père qui doutait de moi, est aujourd’hui fier de ma réussite. Même si c’est dur parfois d’être toujours en partance. » Aujourd’hui, il a bouclé ses valises pour les Galapagos, à nouveau, le temps d’un reportage. Mais c’est à Nice, qu’il prépare son prochain projet : « un film sur le cycle de la vie, depuis le Mercantour jusqu’aux canyons et fosses abyssales de la Méditerranée. Tout cela devrait être tourné en 2018. » Sur terre et en mer d’Azur. Savoir + Greglecoeur.com