Halte aux fausses alertes
Ce baigneur, parti de nuit de Cagnes-sur-Mer, a été retrouvé tranquillement installé chez lui. Pendant ce temps, un hélicoptère, des patrouilles terrestres et maritimes, le recherchaient
De l’inconscience, une bonne dose d’alcool et au final une intervention ultra onéreuse pour le contribuable. Peu après minuit hier, une femme a donné l’alerte sur la plage de la Madrague à Cagnessur-Mer. Son compagnon, parti nager depuis une demi-heure, n’était pas rentré. Ses affaires étaient restées sur la plage. Paniquée, elle a prévenu les sapeurs-pompiers qui ont alerté le CrossMed, chargé de coordonner les opérations de secours en mer.
L’hélicoptère mobilisé
Le «Cross» a ensuite mobilisé la vedette SNSM de Cagnes, la « SNS 272 » avec six hommes à bord. Ont également été engagés une patrouille à terre de la police nationale, une autre de la police municipale, une des sapeurs-pompiers. Un bateau des pompiers avec deux Tous les opérateurs joints hier rappellent qu’il est de leur mission de service public d’intervenir et insistent sur la gratuité du secours aux personnes. Les frais de sauvetage de la vie humaine sont intégralement pris en charge par l’État. Donc le contribuable. Difficile de chiffrer une intervention comme celle d’hier. L’hélicoptère EC utilisé coûte au bas mot sept millions d’euros à l’achat. Le projet de loi de finances évaluait ainsi à euros l’heure de vol de ces appareils, amortissement compris. Quant à la vedette de la SNSM, son entretien, onéreux, est assumé par la station qui forme ses bénévoles en permanence pour qu’ils soient aptes à prendre la mer en moins de minutes. Son financement est assuré à % par les dons. Au coût de l’opération, il faudrait rajouter la sortie de l’embarcation des sapeurs-pompiers. Ainsi que les moyens humains : près de quinze personnes mobilisées pendant deux heures. plongeurs a été missionné pour inspecter la zone des 300 mètres. Le « Dragon 06 », l’hélicoptère de la Sécurité civile, a également été dépêché sur les lieux. Pour l’anecdote, il venait d’être sollicité pour une intervention du même type à Théoule, qui a été annulée in extremis, la nageuse ayant été retrouvée. Près de deux heures de recherches infructueuses plus tard, le baigneur de Cagnes a été retrouvé ... chez lui, à 1h45. Ivre, le quadragénaire était rentré sans même alerter sa femme ...
Quatre fausses alertes en heures
Contactée, la préfecture maritime rappelle que le secours est une mission première, mais regrette la multiplication de ces fausses alertes : quatre en 24 heures, rien que pour les AlpesMaritimes. C’est la troisième à Cagnes depuis début juillet. Une intervention similaire avait nécessité, la semaine dernière, un dispositif important pour une Américaine retrouvée chez elle saine et sauve. « Elles mobilisent à chaque fois des moyens extrêmement conséquents qui pourraient manquer ailleurs sur une intervention véritablement urgente», rappelle la préfecture maritime. «Notre vedette a patrouillé pendant près de deux heures pour cette recherche. La SNSM reste le partenaire privilégié du CrossMed, nous réalisons 80% des sorties nocturnes à leur demande», rappelle Gil Rochette, patron de la « SNS 272 », qui évoque parmi les interventions qui mobilisent pour rien les secours, celles qui touchent les plaisanciers imprudents, sortis avec des bateaux peu entretenus, ou à court de gasoil. Ce samedi, la SNSM de Cagnes organisera d’ailleurs des démonstrations de sensibilisation, plage de la Figuière à Villeneuve-Loubet, de 10 h à 12 h. L’occasion de rappeler une nouvelle fois que le simple bon sens peut souvent sauver des vies. Quant au civisme, n’en parlons pas. «Je n’ai jamais vu quelqu’un recherché à cause d’une imprudence, mais rentré par ses propres moyens, venir remercier nos bénévoles par la suite», souligne Gil Rochette.