L’embouchure de l’Argens de plus en plus dangereuse
À Saint-Aygulf, le fleuve se déverse, depuis quelques mois, en pleine zone de baignade, et continue d’avancer. L’association des naturistes des Esclamandes et les kite-surfeurs s’alarment
La nature – et le hasard – font parfois bien les choses... Mais pas toujours. Dernière illustration en date, les coups de vent de l’hiver et du printemps ont carrément dévié le cours de l’Argens, du moins son embouchure vers la mer, désormais plus à l’Ouest (voir ci-dessous). Désormais, « l’embouchure naturelle de l’Argens est totalement fermée, les vents de l’hiver ont accumulé le sable, explique une habituée des lieux, Nicole Chauveau, présidente de l’association des naturistes des Esclamandes. Le lit s’est donc déporté à l’Ouest, vers le centre de la plage, formant également un petit lac, et débouchant vers la mer. »
Le fleuve passe au milieu de la plage
Une curiosité de Dame nature qui peut prêter à sourire, si cela n’entraînait pas un sérieux danger pour les baigneurs. En effet, le fleuve débouche maintenant dans une zone de baignade, puisqu’il « éventre » la plage, soit la zone dévolue aux kite-surfeurs ainsi que la zone réservée aux naturistes. « Résultat, les embarcations, notamment à moteur (bateaux, jet-skis...), doivent sortir avec élan, faute de fond. Et surtout, au milieu des baigneurs », leur créant ainsi un danger de tous les instants... « Certains pilotes, conscients du danger, tentent de partir « à la main », doucement, en descendant de l’embarcation. Mais d’autres, plus nombreux, s’élancent à fond. Faut-il attendre qu’un malheur arrive un jour, pour que les autorités prennent le sujet au sérieux ? Cela fait plusieurs mois que l’on a alerté la mairie, mais notre courrier est resté sans réponse. Faut-il faire une pétition ? », s’alarme Nicole Chauveau et les autres baigneurs.
Aussi cocasse que dangereux
En cette haute saison, engins nautiques et baigneurs sont plus nombreux que jamais, faisant craindre un peu plus tous les jours l’accident... Au fur et à mesure que le temps passe, l’embouchure grignote un peu plus vers l’Ouest, créant une situation aussi cocasse que dangereuse. « Ce serait risible en effet, si la situation ne mettait pas les baigneurs en péril, renchérit Hervé Rousseau, responsable de Kite-Surf Evasion. Parce que, franchement, un coup de tractopelle au bon endroit et on rétablit l’embouchure au bon endroit. Mais on n’aurait pas le droit ? De qui se moque-t-on, allons... Ça c’est fait plusieurs fois par le passé ! Nous-mêmes également sommes embêtés pour pratiquer notre sport mais bon, on fait avec. Ce qui est plus alarmant, c’est la promiscuité entre baigneurs et moteurs. L’autre jour, des particuliers ont essayé, avec leurs pelles, de faire sauter le bouchon de sable, en vain... Que rien ne bouge alors qu’on est déjà au milieu de l’été, c’est grotesque. » Après les juilletistes, les aoûtiens sont attendus en nombre... N. PASCAL
« C’est à l’État de prendre ses responsabilités »
Pour l’adjointe au littoral, Monique Milioti, c’est du ressort de l’État. « C’est le domaine public maritime, donc c’est la préfecture qui donne l’autorisation ou non de réaliser des travaux pour tout ce qui modifie le milieu naturel. C’est à l’État de prendre ses responsabilités. À ce propos, le sénateur-maire et moi nous sommes rendus sur place, hier (dimanche dernier, Ndlr.) pour constater la situation. Très vite, David Rachline et le préfet vont se rencontrer pour trouver une solution », promet l’élue. En attendant, comment atténuer ce risque constant ? « Nous ne pouvons rien faire de mieux, pour l’instant, qu’installer des panneaux, comme récemment, pour indiquer qu’il existe ce danger. Car on en est bien conscients. Mais on ne peut rien faire de plus. »