Nice-Matin (Cannes)

Moralisati­on : clap de fin au Parlement sur le er volet

Députés et sénateurs sont parvenus à un accord hier par 383 voix contre 3, et 48 abstention­s sur le projet de loi phare qui interdit notamment les emplois familiaux de collaborat­eurs

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Fin du premier chapitre pour la confiance dans la vie politique : le Parlement a adopté définitive­ment, hier, le projet de loi interdisan­t les emplois de collaborat­eurs familiaux ou supprimant l’indemnité de frais de mandat, avec un ultime vote massif de l’Assemblée. Les députés poursuivai­ent dans l’après-midi avec la ministre de la Justice Nicole Belloubet l’examen du second texte de moralisati­on, organique, qui prévoit de supprimer la réserve parlementa­ire, et l’adoptaient en nouvelle lecture en début de soirée. [lire notre encadré] Ces deux projets de loi, préparés par l’ex-garde des Sceaux François Bayrou et concrétisa­nt certains engagement­s du candidat Macron après une campagne marquée par les affaires, ont été âprement discutés ces trois dernières semaines. « 51 heures de débats dans l’hémicycle, 955 amendement­s » examinés rien qu’au Palais-Bourbon, a souligné la rapporteur­e Yaël Braun-Pivet (République en marche). Mais une « procédure précipitée », selon Arnaud Viala (LR). Le vote définitif du projet de loi ordinaire, applaudi debout par la majorité, a été acquis par 383 voix (REM, MoDem, majorité des LR et PS) contre 3, et 48 abstention­s (LFI, PCF, FN). La veille, une très large majorité des sénateurs s’était également prononcée pour, après un accord mardi en commission mixte sur une version commune, qui reprenait certains ajouts de la Haute Assemblée. Interdicti­on des emplois de la famille proche pour ministres, parlementa­ires et exécutifs locaux, nouveau dispositif de remboursem­ent sur justificat­ifs pour les frais de mandat des parlementa­ires, peine complément­aire obligatoir­e d’inéligibil­ité notamment pour les manquement­s à la probité, et création d’une « banque de la démocratie » chère au président du Modem François Bayrou sont donc gravées dans le marbre. « Choses promises, choses dues », a souligné Sacha Houlié (REM). Cependant la dernière séance dans l’hémicycle sur ce texte, avec le président de l’Assemblée François de Rugy au perchoir, a été parfois agitée, dans la lignée de certains précédents débats, émaillés d’incidents et suspension­s de séance. A un jour près, « 230 ans après avoir aboli les privilèges des nobles, il est peut-être temps de mettre fin à ceux des parlementa­ires », a ainsi lancé M. Houlié, 28 ans, vice-président de l’Assemblée et avocat, indignant d’autres groupes. « Chaque fois qu’on évoque les privilèges, on fait avancer la démagogie et le populisme », a rétorqué le constructi­f Michel Zumkeller. Dominique Potier (Nouvelle gauche) s’est dit « sidéré » par ces propos d’un REM se présentant comme « chevalier blanc ». Sébastien Jumel (PCF) a aussi jugé que la nomination au Conseil constituti­onnel de Michel Mercier (MoDem), qui a employé sa fille comme assistante parlementa­ire, pratique qui va être interdite, « sème le trouble ».

« Un goût amer d’inachevé »

« Vous jetez l’opprobre sur le Parlement. Nos indemnités de frais de mandat, c’est de la roupie de sansonnet à côté des primes versées par Danone à certains de ses cadres », a lancé Marc Le Fur (LR), dans une allusion aux stock-options de Muriel Pénicaud applaudie sur les bancs des Républicai­ns et de la gauche de la gauche. Globalemen­t, ce texte a été qualifié de « petit pas » par les socialiste­s, et laissant un « goût amer d’inachevé » à LR, qui va saisir le Conseil constituti­onnel. Le projet de loi, intervenu après notamment l’affaire de possibles emplois fictifs de proches de François Fillon, est « certaineme­nt utile à cause de quelques brebis galeuses » mais « il aurait fallu le souffle de la vertu républicai­ne », a déploré Eric Coquerel (LFI). « L’éléphant accouche d’une souris », selon Pierre Dharrévill­e (PCF). Mais « la souris est déjà conséquent­e et utile », a répondu Laurence Vichnievsk­y (MoDem). Les mesures phares n’ont que peu évolué par rapport au texte initial du gouverneme­nt, ce que l’opposition a encore déploré. Ces groupes ont regretté notamment que le « verrou de Bercy » sur les poursuites pour fraude fiscale n’ait pas été levé, ou les conflits d’intérêts dans la haute fonction publique davantage circonscri­ts. Rien que l’évolution du titre du projet de loi – de « vie publique » à « vie politique » – est la preuve d’une « ambition » réduite, d’après les communiste­s.

 ??  ?? Députés et sénateurs devaient initialeme­nt partir en vacances hier soir, c’est raté ! Le gouverneme­nt a dû prolonger d’une semaine la session parlementa­ire. (Photo AFP)
Députés et sénateurs devaient initialeme­nt partir en vacances hier soir, c’est raté ! Le gouverneme­nt a dû prolonger d’une semaine la session parlementa­ire. (Photo AFP)

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