« Ça va faire - »
En tribune, le président Jean-Pierre Rivère n’a jamais perdu espoir. La preuve... Retour sur les coulisses d’une soirée historique à Amsterdam pour l’OGC Nice qualifié en barrage de C1
Il y avait un parfum de légèreté dans l’avion du retour d’Amsterdam. De la musique, aussi, choisi par un DJ nommé Arnaud Souquet, auteur de l’ouverture du score et d’un match plein sur son côté droit. Non loin, Pierre LeesMelou, Yoan Cardinale, Christophe Jallet et Nabil Ouled-Gharbia, l’intendant, s’affrontent à la contrée. Au fond de l’appareil, Dante savoure le travail accompli. «Ila été exceptionnel avant, pendant et après le match affirme Frédéric Gioria, au sujet de son défenseur. A la mi-temps, il avait annoncé que la lumière allait venir du banc. » « Il faut jouer, être ambitieux », avait lancé quelques heures plus tôt dans le couloir de l’Arena le capitaine niçois. Après l’exploit, il en a remis une couche, en rassembleur. « Si on l’a fait, c’est parce qu’on a été remarquable au niveau de l’état d’esprit. C’est trop bien de vivre ces moments. Je vous l’avais dit, ces matchs, ça ne se gagne pas à onze, mais à quatorze, à vingt même. Bravo les gars, c’est ça une équipe ! » « Ce qui m’a impressionné, c’est la sérénité que dégageaient nos joueurs avant le match, souffle un proche du groupe. Dans le bus, avant d’arriver au stade, il y avait un silence de cathédrale, une concentration maximale, du jamais vu. J’ai senti qu’il se passait quelque chose de différent, qu’on y était mentalement. » D’entrée de match, les « anciens » que sont désormais Eysseric et Plea prennent les choses en mains. Ils seront exemplaires de bout en bout, la palme du plus brillant revenant toutefois à JeanMichael Seri, qui a sorti une prestation de gala et inventé une passe décisive en talonnade. Un geste pour l’éternité. En tribune, alors que l’Ajax mène 2-1, le président Jean-Pierre Rivère ne vacille pas. Il est persuadé que ses joueurs vont le faire. Il le dit à son fils Florent et à Julien Fournier, assis à ses côtés. « Ça va faire 2-2, je le sens », leur lâche-til en substance. Depuis le banc, les dernières minutes de la rencontre sont insoutenables. Frédéric Gioria et Lionel Letizi, les deux historiques, qui ont tout connu avec le Gym, masquent difficilement leurs émotions. Ils mesurent la portée de cet exploit, le plus grand du club sur la scène européenne. En 1997, alors en Division 2, Nice éliminait Kilmarnock. Vingt ans plus tard, le voilà dans le même bocal que Liverpool, Naples, Séville, le CSKA Moscou et le Sporting Lisbonne pour un barrage qui promet une ambiance d’enfer à l’Allianz Riviera. Cette fois, en préambule, il y aura en plus la musique de la Ligue des champions que Valentin Eysseric s’est empressé de programmer depuis son téléphone portable en montant dans le bus. En off, Lucien Favre parle d’un « miracle » compte tenu de l’état des troupes à ce stade de la saison. « C’est exceptionnel pour le club », répète-t-il à tous ceux qu’il croise, dans un large sourire. En conférence de presse, il se permet même une petite fantaisie en évoquant « la neige à Nice » après le but du droit de Vincent Marcel. « C’est un gamin du club, qui nous qualifie, c’est encore plus beau », confie Julien Fournier, le directeur général du club, qui s’était agacé du pessimisme ambiant après le nul de l’aller. « J’ai vécu ma plus belle émotion depuis que je suis à Nice, glisse le DG. D’ailleurs, je n’avais jamais reçu autant de messages de félicitations après un match. » Entre Amsterdam et Nice, durant l’heure et demie de vol, chacun y va de son pronostic en vue du prochain adversaire. Il y a les pragmatiques, à l’instar de Lucien Favre, qui préfère éviter les gros (Liverpool, Naples ou Séville). Il y a Yoan Cardinale qui rêve d’Anfield Road et des Reds. Il y a surtout un groupe qui vit là des instants uniques et un club qui a fait vibrer les Français en ce 2 août 2017, date qui marque un magnifique tournant dans l’histoire du Gym. A leur arrivée à Charles-Ehrmann, les nouveaux (Lees-Melou, Tameze, Jallet et Makengo) découvrent les joies d’un retour triomphant. Ils sont plus de deux cents supporters à attendre leurs héros à trois heures du matin. « Oh, ils vont encore jeter des bombes », craint Lucien Favre, qui s’inquiète pour ses oreilles, ce qui a le don de faire sourire ses voisins dans le bus. « Maintenant, il faut appréhender le prochain tour avec la ferme intention de le franchir, annonce-t-on au club. On ne veut pas rester à la porte. »
Maintenant, on ne veut pas rester à la porte ”