Un diamant encore brut
Arrivé en milieu de semaine en provenance de Rennes contre 10 millions d’Euros, le jeune Adama Diakhaby est un joueur en devenir qui revient de loin. De très loin, même
Adama Diakhaby, 21 ans, pèse trois titularisations en Ligue 1, 2 caps chez les Espoirs mais aussi 10 millions d’Euros. Comme quoi le football n’a rien de rationnel. Ça tombe bien, le parcours de la dernière recrue monégasque n’a rien de classique. Il y a un an, le natif d’Ajaccio n’avait jamais disputé le moindre match en professionnel et le voilà aujourd’hui dans un club qualifié pour la Ligue des champions. Désiré par Leonardo Jardim en personne, le milieu droit longiligne (1,84m, 65 kilos) revient de loin. Bien que né en Corse, c’est dans la région de Rouen qu’il débute le football, notamment à Saint-Etienne-duRouvray avant d’être happé par le centre de formation de Caen, toujours au taquet quand il s’agit de repérer les pépites de demain.
Sans club à ans
Dans le Calvados, il est pris en main par un certain Philippe Tranchant, le formateur de Thomas Lemar, entre autres. Alors qu’il brille, Caen ne lui propose pourtant pas de contrat. «Il se fermait assez finalement face à l’injustice, il avait du mal à comprendre certaines règles, se souvient Tranchant. Je n’ai pas eu de souci avec lui, ce n’était pas le cas avec tout le monde au club. Ce n’est pas un méchant garçon mais tout le monde ne l’a pas compris, dommage car il a toutes les caractéristiques techniques du haut niveau. Adama a des qualités de vitesse, de déplacements et dans le dribble, il avait surtout du travail dans la finition ». A 18 ans, Diakhaby se retrouve alors sans club et sa formation reste inachevée. Pour pouvoir signer ailleurs, son futur club doit s’acquitter d’une indemnité de formation de 500 000 euros auprès du Stade Malherbe, une somme qui refroidit de nombreux clubs (Sedan, Strasbourg, Roma, Tottenham, Munich 1860). Alors, pendant un an, il retourne au niveau amateur, loin d’une structure professionnelle. Tranchant encore : « Il est complètement sorti du monde professionnel à une époque charnière pour un jeune joueur, c’est pour ça que c’est un joueur encore brut, d’où son immense potentialité. C’est un garçon qui a un énorme mental car il n’a jamais lâché ». Introverti, assez timide mais vite à l’aise une fois en confiance, le jeune milieu offensif droit est sur le terrain comme dans la vie, sans concession. « Il est jeune, il va changer, apprendre, mûrir », poursuit Tranchant. Car Diakhaby va vite. Très vite. « Il est fluet mais c’est le morphotype du jeune qui va vite, il doit se mettre, à l’avenir, plus au service du collectif et il est tombé dans le club parfait, avec l’entraîneur idoine pour apprendre et progresser ». Avant ça, Rennes lui a tendu la main durant l’été 2015. Une première saison avec la réserve de CFA2 (il a même débuté la saison avec l’équipe III, en division supérieure élite) et une seconde avec le groupe professionnel sous l’oeil avisé de Christian Gourcuff. Au coeur d’une première saison chez les pros (25 matches, 3 titularisations, 4 buts), il tape dans l’oeil de Jardim. Et quand lors de l’ultime journée du dernier championnat, il marque un doublé contre... Monaco, le coach portugais est définitivement conquis et voit en lui un énième joueur à fort potentiel. Bien entendu, il a fallu mettre la somme - 10 millions d’euros pour un joueur inexpérimenté - et il faudra être patient mais Diakhaby a signé pour 5 ans. Le garçon sait qu’il va devoir être surtout performant car la concurrence à son poste est féroce : Rony Lopes, Jordi Mboula, Gabriel Boschilia voire Allan Saint-Maximin. Que des jeunes à fort potentiel. Sans parler du futur doyen du poste, Rachid Ghezzal, 25 ans.