Nice-Matin (Cannes)

Gérald de Palmas : « Je n’ai pas un caractère à être heureux »

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Il a appris à Marcher dans le sable. Surfant sur une plage ensoleillé­e de gloire, ou bien errant dans une longue traversée du désert. Il a su Sortir, ou se recueillir. Tomber, et toujours se relever. Guitariste doué. Homme torturé. Échec ou succès, Gérald de Palmas sait bien que pour un artiste, ce sont Les Lois de la nature. «Ah, si on pouvait mettre de côté l’ego, on se dit que l’échec est indispensa­ble pour avancer. C’est comme un tâtonnemen­t à l’aveugle dans un couloir : il faut d’abord se cogner de chaque côté avant de savoir où se diriger, philosophe l’intéressé, que l’on rencontre au calme de l’Hôtel Diana, lors de son passage aux Nuits du Sud à Vence. À chacun de mes échecs, il m’est arrivé un truc bien derrière. Mais à chaque fois que je me plante, je me déteste et je déteste tout le monde.» N’empêche. Barbe hors-la-loi, sur un visage que le temps a bien patiné, silhouette entretenue sans verser dans le m’as-tu-vu, Gérald de Palmas est toujours là, à bientôt 50 ans. Même desperado, les guitares héros ne meurent jamais ! «Comment je me sens à 50 ans? Vingt dieux, aussi mal qu’à la quarantain­e, sourit – ou grimace – le brun ténébreux. On dit parfois qu’on fait le bilan de sa vie privée à 40, et de sa vie pro à 50. De ce point de vue là, je me trouve quand même chanceux.» Famille éclatée (un divorce, de grands enfants éparpillés), l’homme sans racine a renoué avec ses origines réunionnai­ses. Insulaire, parfois solitaire, mais pas isolé. « Je vis aussi en Normandie, je bouge pas mal en fait.»

« Ne pas faire de mauvais choix de vie »

Et puis à nouveau Sur la route toute la sainte journée, dès qu’un album écrit, composé, arrangé, peaufiné est enfin prêt. Avec un public fidèle de scène en scène, Pour la beauté du geste en tournée. Ou les effets parfois positifs de la notoriété. « Quand j’ai eu un moment de doute ou de lassitude dans ma carrière ou dans ma vie, j’ai toujours croisé quelqu’un dans la rue, qui a eu le mot juste pour me relancer…» Et pourtant, les tourments. Comme un refrain auquel on ne peut rien. L’amour qui s’égare sans crier gare. La même petite musique, en parole d’homme. Joie ou peine, les états d’âme extrêmes. Dans une larme se contiennen­t. Pudeur de la douleur, ou d’un extrait de bonheur. « Vous savez, je n’ai pas vraiment un caractère à être heureux, je ne le conçois pas comme ça, confesse-t-il. Je suis plutôt comme les bouddhiste­s, qui recherchen­t l’absence de troubles. Il s’agit de ne pas faire de mauvais choix de vie, d’éviter les emm..., je tends juste vers ça...» Humeur, mais aussi humour. Que la chanson traduit souvent en autodérisi­on. «C’est très important, ça m’aide à prendre vachement de recul sur la nature humaine, quand j’ai de sérieux doutes sur les belles valeurs que s’attribue l’homme...» Humaniste, malgré tout ? « Je ne sais même pas. On est tous dans un p... de trouble, on a tous des galères, mais le chanter me fait entrer en empathie avec les gens, constate Gérald. L’art sert à ça. C’est comme pour les tableaux de Hopper que les gens adorent. On se sent moins seul à être seul. »

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(Photo Sébastien Botella) Gérald de Palmas qui a été aimable lors de notre rencontre aux Nuits du Sud à Vence. Mais l’auteur de Il faut qu’on s’batte n’a pas toujours l’humeur rieuse.

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