Un centre pour migrants dans le département?
Après l’annonce de Gérard Collomb de créer deux centres d’accueil et d’orientation dans les Hauts-de-France, certaines associations souhaiteraient un centre dans les Alpes-Maritimes.
Nous souhaiterions, bien évidemment, qu’un CAO, centre d’accueil et d’orientation, soit installé dans les Alpes-Maritimes, c’est une priorité, le premier des besoins, même, puisque nous sommes sur une voie de migration, de passage. Nous avons besoin, nous aussi, d’un centre de répit, de premier accueil pour que les migrants puissent se reposer, prendre une décision : rester ou poursuivre leur migration. » David Nakache, président de l’association Tous Citoyens ! très impliquée dans l’aide aux migrants, vote pour ! Mais, pour l’instant, deux CAO seulement sont prévus, selon Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur. Il a annoncé leur création dans les Hauts-de-France : l’un à Troisvaux dans le Pas-de-Calais, l’autre à Bailleul dans le Nord, éloignés de Calais pour éviter la réinstallation des migrants.
« La volte-face » du gouvernement
David Nakache approuve, c’est vrai, mais n’est pas dupe et évoque le revirement du gouvernement. « La volte-face de Gérard Collomb révèle la véritable nature du régime politique de Macron : pendant qu’il proclame une humanité de façade, il faut une décision du Conseil d’État pour obtenir de l’eau, des toilettes, des douches et un toit pour les réfugiés, c’est-à-dire les conditions d’hygiène minimales pour des êtres humains.» Sans le coup de semonce de l’échelon suprême de la juridiction administrative, cela ne serait pas d’actualité, assure-t-il. « Dans la France de Macron, les animaux sont mieux traités que les humains. » En effet, l’annonce du ministre de l’Intérieur est intervenue après l’intervention du Conseil d’État qui a fermement rappelé à l’ordre le gouvernement. Alors même que Gérard Collomb avait, le 23 juin, déclaré en visite à Calais : « À chaque fois qu’on a construit un centre, il y a eu appel d’air». Pas question, alors, pour lui, de construire de nouveaux centres d’accueil dans la région. Ce en quoi il rejoignait, à l’époque, Éric Ciotti. Qui monte au créneau. Pas question, dit le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes qu’une telle structure voit le jour ici.
Éric Ciotti veut des actions à la source
« Je suis totalement hostile à la mise en place de ces centres d’accueils. Je considère que c’est un appel d’air à l’immigration illégale. On donne des droits à des personnes qui ne devraient pas en avoir, on envoie un mauvais message. Je suis pour un message de fermeté qui garantie l’humanité. Je trouve l’Europe très naïve, sa politique a conduit à la multiplication des drames en Méditerranée », a déclaré le député azuréen. Qui se félicite, cependant, de l’annonce de Macron sur les hotspots, tout en ironisant : « Je suis favorable à cette idée d’autant plus que c’est une idée que nous avions eue avec Nicolas Sarkozy et reprise par le Président. Les demandes d’asile doivent être faites au plus près des théâtres de guerre. Cela évite un terrible périple par la route des Balkans ou la Méditerranée et permet de fermer la route migratoire ». Éric Ciotti est clair, il est pour «des actions à la source », mais « contre ces centres d’accueil qui vont amplifier le problème ».
« Si c’est pour faire le tri, ce serait pire »
Quant à Teresa Maffeïs, de l’association ADN action pour la démocratie à Nice, très active à la frontière italienne pour essayer de donner des conditions de vie décentes aux migrants, elle est plutôt mitigée. «Ilyauncôtépositif bien sûr, mais aussi un côté négatif à ces centres. Si c’est en vue de les expulser plus vite, alors je dis non », dit la militante associative. Et de poursuivre : « Normalement l’État doit répondre à la demande pour des hébergements décents, ce n’est pas que la solidarité qui doit le faire. Quand ils sont dans la rue, les migrants disent qu’ils ont encore plus peur que lors de leur voyage, ce n’est pas normal. En même temps, je crains que ce type de centres ne soit là que pour accélérer les procédures ou pour faire le tri et les envoyer dans les camps en Libye, ce serait pire où il y a de l’esclavage et de la torture ».