Il tire pour effrayer le gendarme amant de sa femme
Les enquêteurs du groupe cybercrim’ de la PJ avaient trouvé trace de 24 000 téléchargements sur ses ordinateurs dont certaines vidéos pornographiques mettant en scène des viols ou des enfants
Les enquêteurs du groupe cybercrim’ de la police judiciaire sont en train de scruter les réseaux de partage illégaux sur le Net, lorsqu’en avril 2016, ils repèrent une adresse IP. Cette signature électronique est celle d’un concierge grassois de 57 ans. Immédiatement placé en garde à vue l’homme reconnaît télécharger en masse des vidéos. Des films que l’on pourrait qualifier de classiques. D’autres qui le sont beaucoup moins. C’est ce qui lui valait de comparaître, hier, devant le tribunal correctionnel de Grasse qui a condamné ce cyberpédophile à 18 mois de prison dont 12 avec sursis. Le prévenu a également pour obligation de se soigner.
vidéos… pour la plupart illisibles
L’examen des disques durs des deux ordinateurs que possédait Patrick Jacquot, le concierge, a permis de trouver trace de 24 000 téléchargements! Mais l’immense majorité de ces vidéos avaient été effacées. Les enquêteurs n’ont pu reconstituer qu’une infime partie de cette vidéothèque où figuraient des séquences pornographiques impliquant de très jeunes enfants ainsi que des scènes de viol. Dans le box, le prévenu assure pourtant que «les enfants en bas âge» ce n’est pas son truc. Et que lorsque les vidéos sont « trop violentes » ça le « dégoûte ». Le président Marc Joando lui fait remarquer que les mots clé qu’il utilise pour rechercher ses vidéos sont pour le moins explicites : « viol », « forced », « PTHF » « Ce qui signifie pré-adolescent sexe violent », souligne Me Caroline Rémond aux intérêts de l’association l’Enfant Bleu qui s’est constituée
(1) partie civile. Le concierge affirme avoir « réalisé » le mal qu’il faisait et que « derrière ces vidéos il y a des victimes ». Mais sa repentance est de courte durée. S’il reconnaît son addiction au sexe virtuel, il nie en revanche être un pédophile. Et affirme qu’en fait il téléchargeait des vidéos par lots entiers et se débarrassait ensuite de celles qui concernaient des enfants. « Des ados, à la limite ça pouvait m’intéresser… Mais pas en dessous», bredouille-t-il bien maladroitement. Tout comme lorsqu’il affirme que ce qu’il recherchait ce sont « les faux viols… Pas les violents ». Là encore la partie civile fait des bonds.
Il va trois fois par semaine à l’église
Le prévenu évoque les abus sexuels dont il aurait luimême été victime à l’âge de 16 ans en guise d’explication. Il dit avoir longtemps pensé au suicide «pour ne pas faire de mal aux autres ». C’est dans la foi qu’il semble plutôt avoir trouvé refuge. Avec son épouse, il fréquente assidûment l’église évangélique pentecôtiste, va prier trois fois par semaine, et le pasteur lui a même « demandé de faire les
» Un frisson parcourt la salle d’audience. Surtout après la lecture du rapport d’expertise psychiatrique qui décrit le concierge grassois comme potentiellement «dangereux pour les enfants » et souligne un risque de « réitération », « voire d’aggravation de son comportement ». C’est sur la foi de cette expertise que Patrick Jacquot a été incarcéré le 5 juillet dernier. Soit « plus d’un an après son placement en garde à vue en avril 2016 », comme le souligne habilement son avocat Me Eudes Loubaki-Kaya. Durant tout ce temps le concierge « était libre »,« il n’était pas considéré comme un danger pour la société ».« Et il ne s’est d’ailleurs rien passé ». Dès lors le tribunal ne peut qu’en tenir compte et revoit un peu à la baisse les réquisitions du parquet qui, par la voix du substitut Yoan Hibon, avait réclamé 18 mois de prison, mais ferme.