Nice-Matin (Cannes)

Cogolin : la ville varoise meurtie par le drame

Fatalisme, incompréhe­nsion, parfois colère. Les Cogolinois ont perdu deux de leurs amis, parents, ou collègues dans le dramatique double homicide de dimanche. L’heure était hier au recueillem­ent

- N. Sa. C. DUPONT cdupont@nicematin.fr

Midi. La sirène de la ville masque les douze coups du clocher de l’Église. Le temps s’arrête, la minute paraît infiniment longue. Le drapeau en berne flotte au-dessus des élus réunis sur le parvis de la mairie. Les visages sont fermés, les coeurs lourds, les gorges nouées. Les Cogolinois sont meurtris. Proches, agents de la ville, sapeurs-pompiers, bravadeurs, en silence, honorent la mémoire des deux disparus. Deux quadragéna­ires, amis d’enfance, dont le destin a été tragiqueme­nt scellé dans la nuit de samedi à dimanche par la volonté d’un homme, policier en perdition de la Bac de Toulon.

Leur ville dans la peau

Il les a abattus au domicile de Pascal Bienvenu, vers 2 h du matin, dimanche. Jeffrey Occaso aura tenté de l’interpelle­r après avoir vu son ami, Pascal Bienvenu, tomber sous les balles, pour une histoire de coeur. En vain, cela n’aura pas arrêté la folie meurtrière d’Arnaud Daniel, qui l’abat à son tour avant de se suicider. L’inconcevab­le scénario marquera pour longtemps les Cogolinois et les proches des victimes. Mais les larmes coulaient à leur mémoire. A celle de deux hommes qui avaient leur ville dans la peau. Comme beaucoup d’autres, un «très proche» des Bienvenu, n’avait pas de mot et ne pouvait retenir ses sanglots. Un autre ami, les yeux rougis, revoyait le visage de Pascal Bienvenu, «toujours avec le sourire». Et d’évoquer comme d’autres le tragique destin familial, alors que son père Gérard, et sa mère Yolande (qui avait été conseillèr­e municipale), étaient déjà partis trop tôt. Lui était à deux pas des lieux du crime, célébrait un mariage au Château SaintMaur, au moment du drame. Il a entendu des coups de feu, au coeur de la nuit. A cru qu’il s’agissait de chasseurs occupés à traquer un sanglier. Il n’aurait rien pu faire. Le tireur a parcouru, muni de son arme de service, la quinzaine de kilomètres entre son domicile, à Cavalaire, et celui de Pascal Bienvenu, a dissimulé son véhicule, a escaladé un mur avant de tirer, en tout, neuf balles. Fou de jalousie, déterminé à en découdre.

Hommages

Les hommages continuero­nt de pleuvoir. Après une minute de silence hier de la part des agents de la Communauté de communes, où oeuvrait Pascal Bienvenu comme mécanicien et où travaille une amie, témoin du drame, les élus des communes du Golfe se réuniront à 9 h ce matin. Des agents solidaires de la famille de leur défunt collègue. Les bravadeurs s’associeron­t aux sapeurs-pompiers à l’occasion des obsèques de Pascal Bienvenu. Soldat du feu volontaire et fervent défenseur des traditions locales, comme l’était son père, longtemps président de l’associatio­n des amis de la bravade de la St-Maur. «C’est une catastroph­e, déplorait hier un bravadeur. Son père, sa mère, lui, étaient très impliqués dans la vie associativ­e cogolinois­e. Pascal était rentré en 2008 à la bravade, il avait été porte-enseigne, major. C’était un épicurien, insouciant, il croquait la vie à pleines dents, il était chasseur, plongeur, toujours avec ses amis ou sa famille. Également très travailleu­r. On se fréquentai­t aussi de temps en temps avec son ami Jeffrey. Tous deux étaient faits de la même trempe. Ils sortaient toujours ensemble, étaient très attachés l’un à l’autre. Nous sommes tous dans une grande tristesse. »

 ??  ?? Des dizaines de Cogolinois, unis dans la douleur pour les victimes, devant la mairie où la sirène a retenti hier à midi, à la caserne des sapeurs-pompiers et à l’hôtel communauta­ire, où officiait Pascal Bienvenu. (Photos S. Louvet et J.-M. Rebour)
Des dizaines de Cogolinois, unis dans la douleur pour les victimes, devant la mairie où la sirène a retenti hier à midi, à la caserne des sapeurs-pompiers et à l’hôtel communauta­ire, où officiait Pascal Bienvenu. (Photos S. Louvet et J.-M. Rebour)

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