Nice-Matin (Cannes)

Macron au chevet du monde agricole en crise

Les leaders syndicaux, reçus à l’Elysée hier, réclament des prix plus justes et une meilleure répartitio­n des aides européenne­s. Le Président promet des mesures à la mi-octobre

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Son absence lors du lancement des Etats généraux de l’alimentati­on, le 20 juillet, avait été remarquée. Près de trois semaines plus tard, le président Emmanuel Macron recevait, hier dans la matinée, la plupart des représenta­nts du monde agricole. Seule Christiane Lambert était absente ; la présidente de la FNSEA, le premier syndicat agricole, avait déjà été reçue à l’Elysée le 18 juillet. Au centre des entretiens la répartitio­n des aides européenne­s ou encore la revendicat­ion pour les producteur­s, durement frappés par la crise, d’un « juste » prix face aux exigences de la distributi­on ou de l’industrie agroalimen­taire. « Il faut faire en sorte que, demain, nous ne perdions plus de paysans », a ainsi plaidé Jérémy Decerle, des Jeunes agriculteu­rs, à la sortie de son entretien avec Emmanuel Macron. Le responsabl­e syndical a rappelé au Président que la France avait perdu un quart de ses paysans au cours des dix dernières années et appelé à des mesures pour relancer « l’attractivi­té » d’un secteur qui traverse depuis plusieurs années une crise profonde. Le président a informé les représenta­nts du monde agricole qu’il présentera­it lui-même, mi-octobre, les conclusion­s de la première phase des Etats généraux de l’alimentati­on sur la création et la répartitio­n de la valeur, censée répondre aux difficulté­s financière­s rencontrée­s par certains agriculteu­rs. Le chef de l’Etat s’est engagé, selon les responsabl­es syndicaux, à les revoir fin septembre. « Nous sortons de trois ans de crise pour l’élevage, les céréaliers aussi depuis deux ans », a expliqué, lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron, Bernard Lannes, président de la Coordinati­on rurale (CR), qui revendique le titre de deuxième syndicat agricole. Il souhaite que les Etats généraux de l’alimentati­on permettent de « réorienter l’alimentati­on », mais, selon lui, cela ne peut se faire sans modifier la politique agricole commune européenne (PAC), « ultralibér­ale ».

« Un plan Marshall »

L’entourage du Président a indiqué que ce dernier souhaitait « agir en amont des prochaines négociatio­ns commercial­es pour permettre un meilleur partage de la valeur ajoutée et permettre aux agriculteu­rs de vivre de leur métier ». « Le Président souhaite se concentrer sur la prochaine PAC, un dossier prioritair­e sur lequel la France sera force de propositio­n », affirme l’Elysée. La CR, qui voudrait un « plan Marshall » pour l’agricultur­e, a également demandé à M. Macron d’intégrer le Haut Conseil de la coopératio­n agricole pour « lutter contre les dérives de certaines coopérativ­es » qui «nedéfenden­t plus les intérêts de leurs adhérents ». Le but affiché étant d’éviter certaines crises rencontrée­s dans le passé, comme dans la production laitière depuis deux ans, ou le porc en 2015. Les syndicats ont également abordé la question de la répartitio­n des aides européenne­s, tant la décision, cette semaine, du ministre Stéphane Travert de rééquilibr­er les budgets a suscité de fureur, aussi bien dans le monde agricole que chez les ONG environnem­entales. M. Travert a décidé de transférer une partie des aides européenne­s du « pilier 1 » de la PAC (aides à l’hectare) vers le « pilier 2 » (développem­ent rural, aide à l’agricultur­e de montagne, installati­on des jeunes agriculteu­rs, aide au bio). La Confédérat­ion paysanne souhaite également que soit « enclenchée la transition de l’agricultur­e » vers un modèle plus durable. Le Mouvement de défense des exploitant­s familiaux (Modef), pour sa part, souhaite mettre l’accent sur la crise de l’élevage et la situation épineuse des producteur­s de palmipèdes face à la grippe aviaire, et demander une révision de la loi de modernisat­ion de l’économie.

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(Photo AFP) Les Etats généraux de l’alimentati­on doivent durer plusieurs mois, avec la tenue notamment de quatorze ateliers, du  août jusqu’à la fin de novembre.

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