Nice-Matin (Cannes)

Slimane: « Je veux être un artiste sans l’étiquette vu à la télé »

- ALEXANDRE CARINI

l’heure de la pose photo, il visse son indétrônab­le bonnet noir. Même en plein été, aux Nuits du Sud à Vence. À l’instar de ses tatouages arabiques, c’est aussi l’image de marque Slimane. Look vestimenta­ire. Mais aussi, identité esthétique. « Au départ, je l’ai adopté comme un effet de mode et il m’a porté chance. Après, j’ai appris que mon arrière-grand-père avait porté le même pendant vingt ans, jusqu’à sa mort. C’est devenu sentimenta­l ». Sa vocation de chanteur relève presque du psychoaffe­ctif, elle aussi. L’histoire d’un petit gamin, un peu jaloux de voir ses parents s’extasier devant un autre enfant chanteur à la télé : «Moi aussi, je sais chanter ! ». Quelques mots, qui donnent le la d’une destinée. En grandissan­t le jeune franco-algérien va tout faire pour que la chanson de Slimane ne soit pas que légende du passé. Au point de privilégie­r les notes aux bonnes notes : « J’étais pourtant un élève très doué, qui donnait plein d’espoirs à ses parents. Mais ces derniers m’ont toujours dit que l’essentiel est que je sois heureux. Après le Bac, j’ai donc intégré une école d’art pour faire de la musique ». Bercé par la chanson française (Brel, Ferré, Brassens, Aznavour… NTM), éduqué par la soul et le funk, Slimane multiplie alors les auditions pour télécroche­ts. Comme monte sur un ring un boxeur au cachet. Nouvelle Star, Popstar, X-Factor, Encore une chance… « Ah, je les ai toutes faites ! Mais on ne te demande jamais combien tu as passé d’entretiens d’embauche avant de postuler à un boulot ! sourit le stakhanovi­ste des plateaux. Quand tu es jeune et que tu n’es pas de ce milieu, tu penses que ces émissions sont le moyen le plus simple de frapper à la porte… ». Slimane décide finalement de s’éloigner de cette lumière aux spotlights illusoires. D’apprendre vraiment son métier dans la rue ombragée, à la lueur tamisée des bars. Avant de revenir s’ouvrir grand la petite lucarne. Une victoire à The Voice 5, et la voie est définitive­ment tracée. Avec un concert anniversai­re à l’Olympia qui pourrait laisser sans voix : «Ah, c’était un rêve de gosse. À chaque fois que je passais devant, j’imaginais mon nom inscrit en lettres rouges. Au début de la tournée, on n’avait envisagé que des petites salles mais, finalement, l’Olympia était complet », se réjouit Slimane, qui n’entend pourtant pas faire de la scène mythique, son sommet de l’Olympe. C’était à la fois la fin d’une histoire, un an après The Voice, et le début d’une autre. Je veux être un artiste sans l’étiquette vu à la télé ». Paris, Paname ,sa gueule et son sac à dos. Mais aussi ses rêves et ses chansons, qu’ils expriment avec ses mots. L’histoire d’un petit gars de banlieue, issu de l’immigratio­n, que sa passion a mené au-delà de la ligne métro. Slimane, le magnifique exemple à suivre ? «Je n’ai pas envie d’être le symbole d’intégratio­n et je n’ai pas l’étoffe pour avoir valeur d’exemple, tempère l’intéressé. Mais je serais ravi que mon parcours en inspire d’autres, celle d’un mec qui a voulu s’en sortir par la musique à force de boulot et d’envie ». Qu’ils soient ou non abonnés au bonnet.

 ?? (Photo Jean-SébastienG­ino-Antomarchi) ?? A Vence, Slimane se remémore avec plaisir ses vacances familiales à Cannes, lorsqu’il était enfant : « J’ai un rapport à la Méditerran­ée qui me fait du bien. Je suis venu quelques jours avant mon concert pour profiter car, ici, j’aime le sourire des...
(Photo Jean-SébastienG­ino-Antomarchi) A Vence, Slimane se remémore avec plaisir ses vacances familiales à Cannes, lorsqu’il était enfant : « J’ai un rapport à la Méditerran­ée qui me fait du bien. Je suis venu quelques jours avant mon concert pour profiter car, ici, j’aime le sourire des...

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