«Toute la plaisance a été plombée par ces nouvelles lois»
Au Vieux port de Cannes, Bruno Gallois, pompiste de la société Hyris qui approvisionne en carburant les bateaux du secteur, est catégorique. « Tout le marché de la plaisance a été plombé par ces deux lois sur l’imposition du fioul et les cotisations sociales », affirme-t-il. « Le gasoil, dont le prix a doublé sert justement aux bateaux des professionnels du nautisme. » La présidente d’Hyris Melinda Foissotte décrit une baisse de 60 % à 70 % des ventes en gasoil anciennement détaxé. « Les plus gros navires sont avitaillés par d’autres sociétés, qui connaissent également une réduction de 60 % cette année », ajoute-t-elle. «Et surtout, beaucoup de capitaines et de skippers se retrouvent en pénurie de travail. »
« On n’a jamais vu ça »
Tous les plaisanciers ne sont pas pour autant gênés au même degré.
«Les bateaux qui servent à titre privé ne sont pas concernés par cette taxe, d’ailleurs je n’en vois pas moins qu’avant », ajoute Bruno Gallois. Il reste que certains commerçants spécialisés dans le yachting disent avoir perdu plus de la moitié de leur clientèle. «On n’a jamais vu ça» , assure Christian, gérant de Royal Road Limousine, qui loue des voitures de luxe notamment à des plaisanciers résidant sur des yachts. «Nous étions dix salariés
pour la saison l’an passé, nous sommes seulement cinq cette année. Nous avons baissé nos activités de 60 % pour le mois d’août, même un peu plus. » Annie, responsable de la cave Vinothèque située rue Marceau, affirme également : « Il y a moins de fréquentation, moins de passage. Ça n’a rien à voir avec les années précédentes. Heureusement, nous avons notre clientèle qui, bien sûr, ne se limite pas aux usagers d’un yacht. » La ville a-t-elle été désertée par les plaisanciers du nautisme ? « Il est
difficile de les identifier en nombre mais, globalement, on en voit beaucoup moins», répond Jean-Pierre Guillory, propriétaire de plusieurs établissements dont les pubs Morrison’s, quartier Gambetta et The Quay’s, quai Saint-Pierre. D’autres commerçants de proximité confirment cette impression. « Nous vendions d’habitude de belles pièces pour les yachts, tôt le matin », se souvient Nathalie Rouvier, femme de pêcheur, au marché Forville. « Il ne nous restait jamais de langoustes à la fin du marché. Cette année, nous voyons très peu ce type de clients. » En face de son étalage, un autre pêcheur ne partage pas son avis.
« Il y a toujours eu des années avec un peu plus ou un peu moins de plaisanciers. Cette saison, je trouve qu’ils sont encore bien là », confiet-il.