Feuvertà la reprise des travaux
Les procureurs de Cuneo et Nice ont ordonné la levée des scellés, après 80 jours d’arrêt forcé du chantier titanesque à la frontière. Il faudra encore quelques jours pour relancer la machine
C’est un soulagement.» Jean-Pierre Vassallo, le maire de Tende, peut souffler. Après quatre-vingts jours de repos forcé, le chantier de percement du second tunnel de Tende va pouvoir reprendre son cours. Deux magistrats du parquet de Cuneo et Nice se sont rendus sur place, vendredi, pour autoriser la levée des scellés placés le 24 mai dernier. Ce chantier titanesque évalué à 176 millions d’euros, piloté par l’Italie mais financé à 42 % par la France, avait été placé sous séquestre après la mise au jour d’une navrante affaire de vol de métaux (lire ci-contre). Deux cents tonnes de fer et d’acier destinés au chantier se seraient volatilisées. De quoi laisser planer quelque doute sur la fiabilité des travaux réalisés dans la nouvelle galerie, qui courra sur 3,2 km à côté de l’actuelle… L’affaire semblait d’autant plus mal engagée que, quelques centaines de mètres en contrebas sur la RD 6204, le mur de soutènement haut de 11 mètres donnait d’alarmants signes de fébrilité. À la demande du préfet, l’édifice a été consolidé à la mi-juin. Depuis, toute l’attention des experts se concentrait sur le nouveau tunnel, qualifié de « plus dangereux que l’ancien » par ses détracteurs.
Plus court que prévu
«La mise sous séquestre du chantier sera la plus brève possible », avait promis le procureur de Cuneo. Francesca Nanni évaluait néanmoins à cinq mois le temps nécessaire aux vérifications. Il aura finalement fallu près de moitié moins. « Nous avons mis fin au placement sous scellés car les consultants ont terminé les vérifications réclamées, explique Francesca Nanni dans La Stampa. L’Anas [l’Agence nationale des routes italiennes, ndlr] a signé un document dans lequel elle s’engage à remettre en sécurité le mur sur le versant français, à prévenir les infiltrations d’eau dans la galerie et à combler les vides apparus dans la structure de béton. » «Les investigations techniques sur le site ont pu être entièrement réalisées. Dès lors, il n’y avait plus d’intérêt à bloquer le chantier», acquiesce le procureur de la République de Nice. Selon Jean-Michel Prêtre, le principal risque concernait bien le mur de soutènement. «Cette réouverture signifie qu’il n’y a pas de désordre significatif dans le tunnel, se réjouit Jean-Pierre Vassallo. L’essentiel, c’est que l’Anas est autorisée à reprendre les travaux ! »
« Un bon signal »
Pour autant, il faudra patienter quelques jours avant de voir reprendre le bal des engins. Les 80 ouvriers qui travaillaient sur le site ont été licenciés. «Remettre en marche un tel chantier n’est pas aisé, atteste Angelo Fruttero, maire de Limone. Mais c’est un bon signal. Il est temps de rattraper le temps perdu. » Le nouveau tunnel, destiné à adapter l’ancien aux normes européennes, devait être livré au printemps 2018. Les dernières péripéties reportent cette échéance de quelques mois. En attendant, les expertises continuent. Les investigations aussi.