Vols à la tire : coup d’arrêt pour un clan bosniaque
Face à une recrudescence de vols à la tire sur le littoral, les policiers ont mené une enquête de fond qui a permis une vague d’interpellations. Quatre suspectes ont été écrouées, deux autres placées en foyer
C’est l’autre fléau de cet été 2017. Moins spectaculaire que les incendies, mais parfois tout aussi préjudiciable. Depuis début juin, les policiers azuréens font face à une impressionnante recrudescence des vols à la tire, imputés à des clans bien structurés originaires d’Europe de l’Est. En deux mois, ils ont identifié plus de soixante jeunes «tireuses» présumées! Dans notre article consacré au phénomène(1), la police nationale avait préféré rester discrète sur le sujet : enquête en cours. Le travail de fond a payé. C’est un joli coup d’arrêt que les policiers viennent de porter à un clan bosniaque suspecté de nombreux larcins. Vendredi soir, six voleuses présumées ont été présentées à la justice. Quatre d’entre elles ont été écrouées, deux autres - mineures - placées en foyer. «Le nombre de faits était devenu insupportable. Leur recrudescence a conduit à l’ouverture d’une enquête particulière début juin, confie le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre. L’objectif était de ne pas se contenter d’interpeller des mineures, mais de cibler les adultes susceptibles de les encadrer. »
Travail d’équipe
À la gare, dans le tram, dans le bus, ou encore aux terrasses des cafés ou de restos, les petites mains ont fait des ravages. Portefeuilles, téléphones portables… Nombre de touristes ont fait les frais de ces vols sans violence, mais volontiers rusés et minutieusement préparés. Plutôt que de s’en tenir aux «flags», la sûreté départementale a mené une enquête de fond. Avec surveillances, filatures et écoutes téléphoniques. Pilotées par la brigade d’enquête des vols violences (BEVV), les investigations ont été menées au prix d’une remarquable coopération inter-services : le groupe d’appui judiciaire (GAJ), l’unité de sécurisation des transports en commun (USTC), les polices municipales de Nice et de Carros ont mis la main à la pâte. C’est à Carros, précisément, que la police est passée à l’action ce mercredi. Huit personnes ont été interpellées dans un trois-pièces, où la moisson s’est avérée fructueuse. Outre des sacs de luxe, les policiers ont saisi de nombreuses liquidités en euros, en dollars, mais aussi en ryads, en yuans, en dollars de Hong-Kong ou d’Australie. Un florilège de souvenirs de malheureux touristes, avec une prédilection pour les Asiatiques. Les policiers ont encore découvert des ordres de transferts de fonds Western Union destinés à la Bosnie, ou des talons de change dans des agences de la Côte d’Azur. De quoi conduire tout ce petit monde en garde à vue à la caserne Auvare.
Envoyer un signal
Vendredi, trois voleuses présumées ont été incarcérées, avec une compatriote suspectée d’avoir assuré l’encadrement. Le parquet a ouvert une information judiciaire, confiant ainsi la suite des investigations à un juge d’instruction. Jean-Michel Prêtre le sait bien: d’autres clans restent actifs sur la Côte. « Mais nous voulions, aussi, envoyer un avertissement à ces groupes. Leur dire qu’on ne se contentait pas de constater les vols. »