Nice-Matin (Cannes)

La série noire

Un impression­nant feu de forêt a parcouru  ha, hier à Lucéram, mobilisant d’importants moyens au sol et dans les airs. Nouvel épisode d’un été brûlant.

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

La série noire continue. Après Castagnier­s, Carros et d’autres incendies de moindre ampleur, c’est à Lucéram qu’un feu de forêt a mobilisé d’importants moyens. Hier, des milliers d’Azuréens ont vu avec effarement un impression­nant nuage de fumée s’étirer de la vallée du Paillon au littoral. Hier soir, les forces mobilisées avaient cependant préservé l’essentiel: les riverains et leurs habitation­s.

 ha parcourus

L’incendie s’est déclaré vers 16 h 30 à Lucéram, dans le quartier des Mortissons, visible depuis L’Escarène voisine. Dans ce secteur très boisé, cinq habitation­s ont été menacées par les flammes. A tel point que les habitants d’une maison ont dû évacuer. Mais à 20 h, aucune dégradatio­n n’était à déplorer. Le feu avait alors parcouru 70 hectares de végétation, constatait sur place le sous-préfet Stéphane Daguin. «L’incendie avait une dynamique très rapide au démarrage. Le feu n’est pas fixé, puisqu’il bouge encore vers la partie supérieure, mais nous espérons y parvenir bientôt.» Si la tendance était à l’optimisme, le colonel René Dies, directeur du Sdis 06, se voulait prudent : « Il faut rester très modeste face au feu.»

Neuf bombardier­s

Une fois encore, le ciel azuréen a été le théâtre d’un important ballet aérien jusqu’à la tombée de la nuit. Trois hélicoptèr­es bombardier­s d’eau, cinq Tracker et un Dash ont pilonné le secteur, multiplian­t les largages d’eau et de retardant. «Grâce à l’interventi­on très rapide de l’ensemble des forces du Sdis 06 et des moyens aériens, tant départemen­taux que nationaux, nous avons pu réduire la dynamique de l’incendie», salue le sous-préfet. Au sol, plus de 250 sapeurs-pompiers sont montés en puissance à mesure que les bombardier­s d’eau se désengagea­ient. La nuit s’annonçait longue pour les soldats du feu, pilotés par le commandant Olivier Pauletti, depuis le poste de commandeme­nt installé à la gare de L’Escarène. «La tête du feu est contenu, les sapeurs-pompiers positionne­nt des lances de part en part» ,indiquait en soirée le président du Sdis, Eric Ciotti, venu en reconnaiss­ance avec ses officiers et le maire de Lucéram, Michel Calmet. Quatorze gardes-forestiers de Force 06 ont complété le dispositif de secours.

Disqueuse suspecte

Les gendarmes, eux aussi, ont été largement mobilisés. Une trentaine de militaires a veillé à protéger les habitants, à réguler la circulatio­n, mais aussi à enquêter sur l’origine de l’incendie. Dès hier, la brigade de recherches de Nice a flairé une piste solide: une disqueuse pourrait être en cause. Un homme a été identifié et évacué en ambulance, présentant des brûlures aux mains, avec sa compagne légèrement intoxiquée par les fumées. Il aurait involontai­rement mis le feu en manipulant cette disqueuse, qui aurait provoqué une gerbe d’étincelles. Les gendarmes vont poursuivre leurs investigat­ions, afin de vérifier s’il s’agit là du seul départ de feu. Quoi qu’il en soit, Stéphane Daguin adresse une piqûre de rappel: «Nous sommes en période de sécheresse, avec des restrictio­ns d’accès sur tous les massifs. Il faut que touristes et riverains respectent cette réglementa­tion, car on sait que la moindre étincelle peut provoquer ce type d’incendie.»

Le souvenir de 

Bien que d’ampleur bien moindre, le sinistre d’hier n’a pas manqué de raviver un douloureux souvenir chez les Lucéramois. C’est ici que plus de 2000 hectares de forêt avaient brûlé en 2003, en faisant le pire sinistre du genre dans les AlpesMarit­imes jusqu’à cet été brûlant. Hier, Fabrice Walleze, 57 ans, contemplai­t le panache de fumée en repensant à ces trois journées qu’il avait passées avec les siens, «làhaut, à aider les pompiers venus se ravitaille­r dans la piscine. Et là, il y a plein d’habitation­s, la végétation est tellement sèche… C’est triste.»

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 ??  ?? Cinq Tracker, un Dash, trois hélicoptèr­es bombardier­s d’eau et  sapeurs-pompiers ont été mobilisés. (Photo Sébastien Botella)
Cinq Tracker, un Dash, trois hélicoptèr­es bombardier­s d’eau et  sapeurs-pompiers ont été mobilisés. (Photo Sébastien Botella)

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