Nice-Matin (Cannes)

Interview « À Tokyo, je viserai l’or »

- FRANÇOIS PATURLE

 août  : l’Antibois Jean Quiquampoi­x,  ans, remporte la médaille d’argent olympique sur l’épreuve du pistolet m vitesse. Depuis le stand de tir de Deodoro, la France découvre alors ce jeune champion au profil de beau gosse et à la sérénité bluffante... Des nerfs d’acier : en finale, il a remonté une situation très compromise pour aller décrocher une médaille historique, la première du tir tricolore à Rio, h avant le bronze de son ami Alexis Raynaud à la carabine. Un an après, Jean Quiquampoi­x évoque sa nouvelle vie et le jour où il a pris la lumière.

Jean, où êtes-vous, en ce mois d’août ?

À l’hôpital SainteMarg­uerite de Marseille le matin et en cabinet libéral l’après-midi. J’effectue le stage lié à mes études en kinésithér­apie que j’ai entamées cette année.

Cela vous plaît ?

Oui, beaucoup. Avant de rentrer à l’école, je voyais la profession par le biais des kinés en déplacemen­t avec nous. Depuis que je suis rentré à l’école (à Marseille), cela me plaît encore plus. Idéalement, j’aimerais devenir kiné du sport, pourquoi pas dans le vélo comme j’aime beaucoup cette discipline (il aime faire des sorties de  km pour se détendre) .En tant que sportif, j’ai des aménagemen­ts, les études pourraient durer - ans.

Les patients, ils vous reconnaiss­ent ?

Pas tous, non. Je ne suis pas non plus du genre à me mettre en avant. Mais si on me le demande, ok, je raconte volontiers ma vie...

Dites-nous, justement : cette médaille, elle a changé votre existence ?

Honnêtemen­t, j’ai acquis une belle cote dans le monde du tir. Il n’y a guère qu’aux JO que l’on voit des tireurs sur les plateaux de télé... Mais dans la vie de tous les jours, je ne suis pas reconnu dans la rue. Quand je dis mon nom, souvent, les gens se souviennen­t. Cela s’arrête là. Je suis heureux comme ça, sans grande notoriété. Je gagne ma vie pour l’instant avec le tir, c’est déjà bien.

Vous ne gagnez pas comme un grand golfeur...

Non, c’est sûr. J’en suis même très loin. Tout le monde aimerait être millionnai­re, n’est-ce pas (sourire)? Mais c’est déjà bien de vivre de sa passion sans devoir galérer pour des soucis financiers. Je voyage beaucoup, j’aime beaucoup ce que je fais. La seule chose qui pourrait me faire changer d’avis, ce serait de ne plus gagner de médaille. Sans le goût du succès, je crois que je ne tiendrais pas longtemps.

Vous êtes toujours en contrat avec la gendarmeri­e ?

Oui, je représente la gendarmeri­e dans les compétitio­ns civiles et militaires, comme l’automne dernier aux championna­ts du monde militaire au Qatar. Le tir est un sport avec des valeurs militaires et je suis fier de les véhiculer. Cela me permet d’avoir un salaire. Par ailleurs, j’ai la chance d’avoir quelques sponsors (...). Notamment Solaïs, une entreprise de SophiaAnti­polis spécialisé­e dans le photovolta­ïque. Ils m’ont aidé à préparer les Jeux.

Dans la tête, en quoi la médaille a pu changer l’athlète Jean Quiquampoi­x?

Le fait d’accrocher le métal olympique, ça permet de désacralis­er la victoire. Tu sais que tu peux le faire. Mentalemen­t, cela donne beaucoup de confiance. Tu es moins sur la réserve, tu ressens moins le stress. Les JO, c’est tellement fort émotionnel­lement que les autres compétitio­ns paraissent moins compliquée­s à aborder.

Vous vous attendiez à une telle différence ?

On te le dit, mais avant de le vivre, c’est difficile à imaginer. Avec les Jeux, tu t’attaques à un truc de ouf. Tu ne peux pas comparer. Une coupe du monde ou un championna­t d’Europe, c’est du haut niveau, mais avec les JO, on est dans une galaxie à part, c’est clair et net, c’est tellement monstrueux.

Dans une interview, vous avez noté que la cérémonie d’ouverture était votre plus beau souvenir...

C’est ce qui m’est venu en premier à l’esprit. Dans les coursives du Maracana, avec des grands noms autour de toi, tu ressens l’événement. J’avais mon Iphone, mais quand le défilé a débuté, je l’ai laissé dans la poche. Je trouvais ça con de défiler et de filmer en même temps. J’ai préféré ouvrir grand les yeux et savourer chaque instant. J’ai fait des photos après. On est sportif de haut niveau, on s’entraîne pour ça, pour ces instants uniques. On est une toute petite minorité à avoir la chance de vivre ces moments-là. Au retour de Rio, j’étais aussi heureux de retrouver mes parents à Antibes, ma famille (son papa est commandant de police à Cagnes-sur-Mer). Je voyais qu’ils étaient Jean Quiquampoi­x heureux et fiers de moi.

Tokyo , vous y pensez déjà un peu ?

Oui, et pas qu’un peu, d’autant que cela va arriver très vite, mine de rien. Dès septembre , avec les Mondiaux, on va rentrer dans les qualificat­ions pour les Jeux. C’est là qu’il faudra être à fond.

À Tokyo, vous viserez l’or ?

Si je me qualifie, bien sûr. Quand tu finis e, tu te dis que tu peux faire mieux.

Votre médaille, vous la regardez parfois ?

Pas souvent. Quand je la sors, c’est pour la montrer à des gens qui restent à la maison, sinon, elle reste dans sa boîte. Je la garde précieusem­ent mais je ne fais pas une fixette dessus. Je préfère songer à l’avenir.

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(Photos AFP et Sébastien Botella)
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Le  mai dernier, Jean Quiquampoi­x s’imposait à la Coupe du monde à Munich devant le Chinois Jian Zhang et le champion olympique allemand de Rio, Christian Reitz. Toujours plus haut ! (Photo ISSF)
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