Nice-Matin (Cannes)

Welcome back to Juan-les-Pins

Dj résident des Caves du Roy de St-Tropez depuis vingt ans, Jack E a fait ses débuts chez lui, ici...

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Durant l’été, tous les mardis, la rédaction vous plonge dans l’Histoire avec un grand H. Une immersion au coeur de Juanles-Pins... avant. Hommage à la station balnéaire, à ses années folles, à ses décennies de joie.

American dream version French Riviera. On oublie les santiags et on fait place aux cigales. L’ascension de Jack E – plus connu par certains d’entre vous comme Jacky Faucogney – a tout du conte de fée. Le genre de parcours qui donne à croire que tout est possible. Puisque si le mélomane règne en maître sur Les Caves du Roy tropézienn­es depuis vingt ans en tant que DJ résident, il n’oublie pas pour autant d’où il vient. Se rappeler de son point de départ pour mieux apprécier la hauteur. Avant de composer l’indétrônab­le titre Welcome back to SaintTrope­z, le minot use ses semelles sur les pavés de sa cité natale : Antibes. Le collégien de la Tramontane voit son destin chamboulé en 1983 : « J’avais 15 ans et demi. J’ai remplacé le DJ au pied levé, il devait jouer au Fort Carré. Je suis venu avec un mot de ma mère… Elle m’a fait promettre de passer mon bac et, en contrepart­ie, j’étais libre de faire ce que je voulais. » Banco. Son premier set fait mouche. Il ne quittera plus les platines. Un pied sur l’étrier, il monte en selle au Carrefour de la Joie. « Au Whisky à Gogo, Jean Vernet m’a tout appris. C’était incroyable làbas, il m’a enseigné le profession­nalisme, l’art d’écouter les gens sur la piste et la culture du rock’n’oll. » L’instinctiv­ité et la lecture des pas et allures forgent son savoir-faire. Son talent ne trompe pas, le beau monde passe la nuit tout ouïe. « J’ai pu connaître déjà des stars comme Bono de U2, Duran Duran… » Sa set-list en chair et en os : « Quand je suis arrivé là-bas en 1985, c’était les débuts de la new wave avec U2, The Smiths, Depeche Mode… Tous ces groupes qui allaient grandir jusqu’à être des mégas stars! On recevait des disques sans arrêt, je me rappelle d’avoir écouté pour la première fois The Police en me disant : qu’estce que c’est que cet ovni ? » Des découverte­s qui forgent la réputation de la station : danseuse insomniaqu­e. « On ouvrait à 2 heures, mais on ne savait pas quand on fermerait. » Souvent le matin. Le vrai. À l’heure où les veilleurs deviennent des couche-tôt. Mais l’ancien joueur de l’OAJLP volley-ball n’est pas resté le nez fourré dans ses galettes. Loin de là. Avant de filer faire vibrer sa foule, il traversait la rue pour prendre le pouls de la Pinède-Gould : « Ma maman a travaillé au festival Jazz à Juan durant 17 ans. J’y allais voir deux à trois concerts par soir, ça m’a éduqué musicaleme­nt. » Passé ensuite du côté du VoomVoom, il fait déhancher les estivaux juanais et gagne les montagnes l’hiver pour réchauffer les froides nuits : La Clusaz et Couchevel. En 1997 il y sera débauché par Le Byblos. Et quitte pour de bon sa cité natale. En évoquant ses souvenirs, la voix du maestro des étoiles se teinte d’affection : « Je remercie ceux qui ont cru en moi, qui m’ont laissé ma chance comme Jean Vernet et Rudy Maman. » Et même s’il a pris la route du succès le p’tits gars d’aqui revient dans les parages lorsque sa tournée mondiale le lui permet : « J’ai toute ma famille ici. On va toujours boire un verre au Crystal et manger la glace au Pam-Pam. » Des réminiscen­ces qui reviennent parfois au détour du bout du monde. Comme lorsqu’il croise Jorge Ben l’année dernière au Brésil. « Je suis allé le voir et je lui ai montré une photo que je garde sur mon téléphone portable : 1985 tous les deux à la sono du Whisky à Gogo. Là, il s’est mis à pleurer. » Une période si particuliè­re qui a fait scintiller plus fort que jamais Juan. « Je vis un rêve, j’ai fait l’ouverture de la Coupe du monde de football au Brésil… L’époque où le DJ n’était pas regardé et restait dans un coin d’une salle est bien révolue. » Pour autant, le minot qui faisait vrombir sa bécane n’est jamais loin… Il repense à ses tours en mobylette entre copains au Cap d’Antibes pour rêver devant l’inaccessib­le. « On s’arrêtait devant l’Hôtel du Cap-Eden-Roc en se disant que jamais on ne pourrait y entrer de notre vie… » Il lui faudra seulement attendre quelques années. « Maintenant j’y anime des soirées, comme pour Naomi Campbell. C’est juste dingue quand on y pense… » Une folle réalité !

Jazz à Juan m’a éduqué musicaleme­nt ”

Verre au Crystal, glace au Pam-Pam ”

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Nagui, Patrick Bruel, Jorge Ben, Michael Hutchense ou encore Duran Duran : extrait des souvenirs juanais du petit Antibois devenu star des platines sous le soleil tropézien. (Photos DR)
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